Comme lors des précédentes élections algériennes, des Sahraouis résidant dans les camps de Tindouf participent aux rendez-vous électoraux en Mauritanie. Une situation qui soulève beaucoup de points d'interrogation. Les Mauritaniens se sont rendus aux urnes, vendredi dernier, pour élire leurs représentants au parlement, aux conseils municipaux et régionaux. Quelque 1,4 million d'électeurs mauritaniens ont été invités à voter pour un nouveau parlement composé de 159 sièges, 219 conseils municipaux et 13 conseils régionaux. La Commission électorale indépendante de Mauritanie a commencé vendredi soir le décompte des voix, au moment où beaucoup d'observateurs considèrent ces élections comme un test préliminaire au parti de l'Union pour la République (UPR) au pouvoir, à un an de l'élection présidentielle. Alors que certains Mauritaniens ont boycotté ces élections, de nombreux habitants des camps de Tindouf, disposant de la nationalité mauritanienne, n'ont pas hésité à faire le déplacement pour voter. Une participation que pointe du doigt le média pro-Polisario Futuro Sahara. «Comme dans les élections algériennes, l'élément sahraoui sera présent dans l'autre pays voisin, en l'occurrence la Mauritanie», écrit le média proche de Lamine Ould Bouhali, considérant que «le citoyen sahraoui est réduit à une simple voix électorale éparpillée entre les pays voisins, au moment où la question sahraouie demeure dans l'impasse». «Des réfugiés» disposant d'un droit de vote Cette situation n'est pas une première. Déjà en 2013, quelque 6 000 Sahraouis résidant dans les camps situés au sud-est de l'Algérie, avaient été invités à participer aux élections législatives et municipales en Mauritanie, boycottées par l'opposition. Même en Algérie, un grand nombre d'habitants des camps, jouissant de la nationalité algérienne, participent aux élections du voisin de l'Est. D'ailleurs, le poids de la population des camps dans le processus électoral algérien semble plus clair, Tindouf occupant toujours le podium des circonscriptions algériennes où les taux de participation sont plus élevés. En 2017, bien que la participation aux élections législatives au niveau national en Algérie voisine a représenté environ 38%, ce même taux a été d'environ 63% à Tindouf grâce à la grande mobilisation des camps. A Alger, la capitale, ce taux n'a guère dépassé les 23%, alors qu'il a grimpé à 17% à Tizi Ouzou (à l'est d'Alger). Cela s'explique notamment par la volonté des hauts responsables du Front Polisario de manifester un grand enthousiasme à l'occasion du vote, afin d'exprimer leur loyauté envers les dirigeants du Palais El Mouradia. Ce qui se répète à chaque élection législative ou présidentielle. Pour les médias pro-Polisario, comme Futuro Sahara, la participation des populations sahraouies de Tindouf aux élections mauritaniennes et algériennes répond au fait que ces Sahraouis disposent des deux nationalités et ont donc le droit de participer à la vie politique des deux pays. De plus, cela «répond aux impératives liées aux voyages et aux déplacements, puisque plusieurs Etats ne reconnaissent pas le passeport sahraoui», précise cette source. Celle-ci reconnaît que les Sahraouis des camps de Tindouf sont devenus simplement «une base électorale importante», bien qu'ils n'aient pas réellement d'impact sur la scène politique. Ils ne sont qu'«un chiffre permettant de meubler les célébrations démocratiques dans les pays voisins», conclut-il. Un constat qui soulève plusieurs questions, notamment par rapport au fait de considérer les Sahraouis des camps comme «des réfugiés» nécessitant des aides accordées par plusieurs Etats et organismes internationaux…