Le 21 juin prochain, la Mauritanie a rendez-vous avec des élections présidentielles. Un enjeu capital pour l'Algérie et le Polisario. Les deux parties parient sur la réélection de Mohamed Ould Abdel Aziz. Un objectif pour lequel elles sont prêtes à consentir des efforts : financier pour Alger et réservoir de voix pour le Front. C'est ce qui explique les déplacements, à deux semaines d'intervalle, de Lamamra et Khadad à Nouakchott. Nouvel émissaire du Polisario au président de la Mauritanie. Cette fois, Mohamed Abdelaziz n'a pas envoyé son chef de la diplomatie, Mohamed Salem Salek, comme en décembre 2012 et en septembre 2013, mais son choix s'est porté sur M'hamed Khadad, d'origine mauritanienne comme le locataire du palais gris, qui assure officiellement la fonction de coordinateur avec la Minurso. En réalité son champ de pouvoir est beaucoup plus large, puisqu'il est très proche des services du DRS. C'est cette proximité qui explique son influence au sein de la direction du Front. La réunion a eu lieu jeudi à Nouakchott. Le Polisario appuie la candidature du président sortant Ce déplacement intervient deux semaines après celui, effectué le 15 mai, par le ministre des Affaire étrangères algérien, Ramtane Lamamra. Nouakchott revêt en effet, une importance capitale pour le Polisario et l'Algérie. La garder sous le giron algérien est au cœur de la politique régionale des deux parties. Jusqu'à présent, rien ne semble perturber cet ordre établi depuis déjà trois années, d'autant plus que les relations entre le Maroc et la Mauritanie sont toujours grippées. En vue de pérenniser cette situation, polisariens et Algériens ont convenu d'appuyer fortement le général-président Mohamed Ould Abdel Aziz dans son projet de briguer un nouveau mandat à la tête du pays. Alger finance, le Polisario apporte des voix Dans une répartition des rôles, Alger se charge de la facture financière de la campagne présidentielle et le Polisario apporte les voix nécessaires à la réélection d'Aziz. Lors des législatives de novembre et décembre 2013, quelques six mille habitants des camps de Tindouf, portant la nationalité mauritanienne, ont participé à ce scrutin. Bien entendu, la majorité a voté en faveur du parti présidentiel, Union pour la république (UPR). Le même scénario avait été constaté lors des présidentielles du 17 avril en Algérie. «C'est l'objectif principal des visites de Lamamra et Khadad et ce qui explique surtout, le choix de M'Hamed Khadad comme porteur du message du chef du Polisario», nous confie une source au Sahara. Par ailleurs, le site AlgeriaTimes, citant des sources de l'opposition à Nouakchott, avance aujourd'hui que le président Bouteflika aurait ordonné à son chef de la diplomatie de mettre à la disposition du président mauritanien 200 millions de dollars pour, entre autre, le financement de sa campagne présidentielle.