Le Polisario vient d'annoncer un coup de filet dans les milieux du trafic de drogue avec clairons et trompettes. De nationalité marocaine, l'arrestation des 19 trafiquants tombe à point nommé pour un Front qui vit des dissensions internes violentes sur fond de contrôle de la contrebande et du trafic de drogue. Détails. Alors que Tindouf est secouée depuis la semaine dernière par des affrontements entre les trafiquants de drogue proches de Brahim Ghali et ceux fidèles à son adversaire, Mohamed Lamine Ould Bouhali, le Front Polisario semble vouloir allumer des contre-feux pour faire oublier la crise ouverte. Dans un communiqué repris par les médias du mouvement séparatiste, «le ministère de la Défense» du Front a annoncé lundi avoir arrêté un groupe de 19 citoyens marocains à Gueltat Zemmour (est du mur de Sable), au sud-ouest de Tindouf. «Dimanche, vers 19h30 dans la zone Aghchan Lbyad près de Gueltat Zemmour, une unité de l'Armée populaire de libération sahraouie a réussi à arrêter un groupe de trafiquants de drogue composé de 19 citoyens marocains chargés de transporter les drogue à l'est du mur de l'occupation marocaine», indique le média pro-Polisario Futuro Sahara, qui a relayé l'information lundi. Selon cette source, une voiture utilisée pour le trafic de drogue a été confisquée tandis qu'une autre a réussi à dépasser «les frontières sahraouies» et prendre la fuite. «Le gouvernement sahraoui condamne ces actes graves et répétés de l'occupation marocaine dans le cadre de sa politique malveillante faisant appel à l'utilisation et au trafic de poisons et de drogues, et son lien étroit avec des organisations criminelles et des groupes terroristes», conclut le Front. Même la Minurso s'en mêle Ce mardi, Futuro Sahara informe dans un deuxième article, citant un «responsable sahraoui», que la Minurso a rendu visite aux trafiquants marocains arrêtés par l'armée du Front. Il ajoute, toujours selon «sa source» que «les détenus sont originaires des régions du sud du Maroc», ce qui confirme «l'intention des autorités d'occupation marocaines d'impliquer l'élément sahraoui dans ces opérations de trafic de drogue transfrontalier». «Après avoir reçu les documents des détenus de l'armée sahraouie, les éléments de la Minurso ont pu leur rendre visite et s'enquérir de leur état, ce qui pourrait ouvrir la voie à la Minurso vers une mission de médiation dans ce dossier à l'avenir», enchaîne le média sahraoui. Ce dernier ne manque pas de pointer du doigt l'absence de toute réaction de la part du Maroc, et le fait que cette information ne soit pas traitée par les médias marocains. Stratégie de diversion ? Ce coup de filet survient à quelques jours d'une actualité en défaveur de la direction du Front. La semaine dernière, des gangs armés proches de Brahim Ghali et ceux fidèles à son adversaire, Mohamed Lamine Ould Bouhali se sont affrontés en plein jour dans les camps. «Les milices du Front se sont contentées d'observer la scène et d'écouter les cris des femmes en fuite, le retentissement des balles et le vrombissement des moteurs des véhicules 4x4 flambant neufs», nous avait confié une source au Sahara. «Pour éviter une escalade meurtrière, l'armée algérienne fortement présente dans les camps a reçu des instructions pour remettre un peu d'ordre. A l'issue de son intervention, les armes se sont tues», ajoute la même source. Même les médias du Front ont reconnu l'existence de cette guerre autour du trafic de drogue. Le 12 juillet, Futuro Sahara indiquait que les événements récents dans le camp d'Aousserd et certains camps à Tindouf, le chaos et l'insécurité causés par les trafiquants de drogue ont poussé le «Parlement» à convoquer quatre «ministres» pour écouter leurs témoignages. D'ailleurs, même la Mauritanie a annoncé la semaine dernière la fermeture de sa frontière avec l'Algérie. Une information confirmée samedi dernier par le média algérien Echorouk Online, selon qui la frontière avec l'Algérie est déclarée par Nouakchott comme «zone militaire interdite aux civils suite à la montée des activités des trafiquants de drogue». «Le ministère mauritanien de la Défense indique que des groupes de trafiquants de drogue seraient derrière cette fermeture puisqu'ils ont envahi cette zone. Compte tenu de la difficulté de faire la distinction entre les civils et les trafiquants (…), toute personne circulant dans cette zone s'expose au risque de se faire tirer dessus sans avertissement préalable», conclut le communiqué.