Le Polisario est dans un tournant décisif de son existence. La succession de Mohamed Abdelaziz est ouverte. Yabiladi a contacté deux sources qui suivent de très près l'évolution dans les camps de Tindouf pour établir la liste des prétendants à prendre la tête du mouvement, avec bien entendu la bénédiction d'Alger. L'état de santé du chef du Polisario, Mohamed Abdelaziz, atteint d'un cancer aux poumons, serait grave. Dans des déclarations à Yabiladi, Réda Taoujni, le président de l'Association du Sahara marocainnier précise que «les renseignements algériens s'activent pour assurer en douceur la succession de Mohamed Abdelaziz». Une entreprise guère facile à gérer car les prétendants sont nombreux et Alger doit arbitrer entre les différentes têtes d'affiche du Front tout en tenant compte des spécificités de la société sahraouie. Quatre noms sont ressortis comme candidat crédible pour cette succession délicate. 1. Mohamed Bouhali, l'ancien militaire de l'armée algérienne Depuis quelques jours, le nom de Mohamed Lamine Bouhali est présenté comme le probable futur chef du Polisario. Il est à la tête du «ministère de la Défense», depuis le début des années 80. Néanmoins, il part avec un sérieux handicap : ses origines algériennes et son passé d'ancien militaire au sein de l'armée du voisin de l'Est. En effet, son éventuelle désignation à la tête du Front donnerait davantage de crédit à la version marocaine accusant l'Algérie d'avoir créé le Polisario. Par ailleurs, l'homme ne jouit pas d'une popularité dans les camps à cause de sa répression des manifestations des habitants. Enfin, son implication dans des affaires de détournements des aides internationales, est un autre point noir sur son CV. 2. Brahim Ghali En poste à Alger où il fait office d' «ambassadeur», cet homme est un candidat sérieux pour la succession de Abdelaziz. «C'est un radical. Le parrain algérien a besoin d'un profil de ce genre pour adresser un message à une jeunesse qui souhaite la reprise des armes contre le Maroc», souligne Taoujni. Interrogée sur les chances de Ghali, une source au Sahara, nous a répondu que l'homme âgé de 66 ans, «est un enfant de Laâyoune, issu de la tribu des Rguibates». Une appartenance qui renforcerait ses chances de siéger au camp Rabouni. 3. Mohamed Boukhari C'est un homme qui travaille dans l'ombre. Le représentant du Polisario aux Nations Unies figure, également, sur la liste des sérieux prétendants selon Réda Taoujni. Boukhari, pourrait être accessoirement qualifié de proche de Mohamed Abdelaziz. Il l'avait d'ailleurs accompagné en Espagne, au printemps 2014, pour se soigner. Autre atout non négligeable, il est également proche du DRS. Durant plusieurs années, il a réussi à se constituer un capital de confiance auprès de militaires de ladite structure, devenant leur interlocuteur privilégié. Toutefois, il est handicapé par ses origines. Sa tribu les Oulad Dlim est très minoritaire dans les camps. Notre source au Sahara conclue d'ailleurs à ce sujet que «le futur chef du Polisario ne doit pas sortir des mains des Rguibates». 4. Kadija Hamdi, "la première dame" L'épouse de Mohamed Abdelaziz et actuelle «ministre de la Culture» a également tous les atouts pour succéder à son mari. Certaines voix dans les camps de Tindouf qualifient cette ressortissante algérienne, fille de l'ancien maire de Tindouf, comme «la dame forte» au sein du Polisario. De plus, elle contrôle une partie des médias. Sauf que dans une société sahraouie plutôt conservatrice, une telle option est peu envisageable pour le moment.