L'ONG Amnesty International a appelé hier l'exécutif espagnol à mettre un terme aux expulsions expresses vers le Maroc, considérant que cet usage constitue «une violation des droits humains des migrants et des demandeurs d'asile potentiels». Selon EFE, l'organisation a saisi le ministère de l'Intérieur espagnol, après que les autorités ibériques ont décidé, jeudi, d'expulser vers le Maroc 116 Subsahariens ayant forcé la clôture de Ceuta. La même source indique que les concernés ont été renvoyés dans des bus, en vertu d'un accord bilatéral sur la réadmission des étrangers. En réaction, Esteban Beltrán, directeur d'Amnesty en Espagne, a déclaré qu'au vu de la rapidité avec laquelle cette mesure a été prise, aucune garantie n'avait été donnée à ces migrants pour accéder à une assistance juridique ou enclencher des procédures individuelles. Selon la même source, Amnesty a également déposé une plainte auprès du Médiateur, où elle a réitéré l'urgence de mener les procédures nécessaires dans le respect du droit international, afin d'éviter un «comportement de l'administration à l'abri du contrôle judiciaire». En effet, l'ONG fait allusion ici au caractère «illégal» du traité maroco-espagnol pour sa non-conformité aux dispositions internationales, notamment la Convention européenne des droits de l'Homme et la loi sur les étrangers. Amnesty estime que ledit accord doit prévoir la reconduction des migrants issus d'Etats tiers à leur pays d'origine ou vers celui dont ils ont commencé leur périple, et non pas leur transfert vers le Maroc. Par conséquent, l'ONG se dit inquiète des tournures que prend la coopération entre les deux pays en matière de contrôle des frontières et des flux migratoires. Elle rappelle que ce traitement est entaché de violations de la part du Maroc comme de l'Espagne, illustrées d'ailleurs par les récentes embuscades survenues à Nador ou encore à Tanger.