Le chef du gouvernement Saâdeddine El Othmani a adressé lundi la note de cadrage du PLF 2019 aux différents départements ministériels. Une feuille de route qui place les secteurs sociaux au cœur des priorités. Cela est-il suffisant ? Le gouvernement de Saâdeddine El Othmani a mis au point sa note de cadrage du Projet de loi de finances 2019 (PLF), inspirée des orientations contenues dans le discours du Trône du 30 juillet dernier. Un document publié par nos confrères de L'Economiste. Rendue publique lundi et transmise dès ce mercredi aux différents départements concernés, la note annonce que la priorité sera donnée aux secteurs sociaux, à l'emploi, à la santé, à l'éducation et à la protection sociale, entre autres, tout en veillant sur la préservation des équilibres macro-économiques. Le gouvernement compte poursuivre les grands chantiers et les stratégies sectorielles pour assurer les bonnes conditions d'un décollage économique et le soutien à l'investissement et à l'entreprise, tout en poursuivant les grandes réformes, ajoute la note. Rationaliser et optimiser les dépenses Commentant les grandes lignes de cette feuille de route, l'économiste Taib Aisse nous rappelle que «ce sont les chantiers qui présentent des problèmes au Maroc actuellement». «Certainement, le gouvernement va faire un effort pour légèrement augmenter le budget de ces secteurs, tout en maintenant les équilibres macroéconomiques, mais nous avons un déficit chronique pour ces secteurs qu'il faut rattraper», reconnaît-il. Pour l'économiste, «nous n'avons pas encore de résultats palpables et concrets sur le terrain, concernant ces secteurs». Tout en reconnaissant un «grand effort budgétaire», notre interlocuteur nuance : «Cela ne sert absolument à rien d'augmenter le budget de la Santé ou de l'Education sans que ce budget ne soit optimisé et rationalisé. Ce sont les conditions sine qua non pour avoir des résultats concrets, sachant que nous avons énormément de problèmes de gestion de budget.» Taib Aisse Taib Aisse évoque aussi les fonctionnaires des départements sociaux, appelant à revoir les effectifs et à «lutter contre les fonctionnaires fantômes», notamment dans la Santé et l'Education. «Il faut également instaurer une logique d'objectifs et de résultats au sein de nos administrations», insiste-t-il. Prendre en compte la conjoncture mondiale et nationale Pour sa part, l'économiste Mohamed Charki estime qu'il «sera très difficile en 2019 de maintenir les équilibres macroéconomiques vu la conjoncture internationale, tout en investissant dans le secteur social». «Ce sont des choix difficiles, puisqu'il faut réduire le budget d'investissement dans certains secteurs ou ramener de l'investissement étranger. Or je ne crois pas que les investissements directs étrangers vont augmenter, vu la conjoncture économique mondiale.» Mohamed Charki Pour lui, «l'année 2019 s'annonce comme une année difficile, économiquement et financièrement». Rappelant la conjoncture économique mondiale, Mohamed Charki insiste aussi sur «le malaise social et la grogne au sein de la société marocaine» qu'il faut prendre en compte, tout come «l'inquiétude des milieux d'affaires». «Avec cette conjoncture, le gouvernement ne pourra pas maintenir les équilibres macroéconomiques. Sinon, il faut trouver une troisième voie : augmenter les impôts, baisser l'investissement de certains secteurs… Je ne suis pas pessimiste, mais je pense qu'il y a beaucoup de défis pour 2019, plus importants que ceux de 2018 et de 2012.» Mohamed Charki «Donc il y a les réformes, l'attention particulière à accorder aux secteurs sociaux, les équilibres macroéconomiques, les engagements du Maroc vis-à-vis des institutions financières, et tout cela à prendre en considération dans un climat local, régional et international incertain. Le gouvernement a du pain sur la planche», conclut-il.