Dans une note de cadrage, le chef du gouvernement, Saâdeddine El Othmani, fait par aux membres du gouvernement des principaux axes autour desquel s'articulera le projet de loi de Finances (PLF 2020). Il s'agit notamment de donner la priorité aux politiques sociales, de réduire les disparités sociales et spatiales, de poursuivre les grands chantiers, les stratégies sectorielles et les grandes réformes ainsi que de sauvegarder les équilibres macroéconomiques du Royaume, conformément aux instructions royales du discours de la fête du Trône. Si nous en revenons à la même note de cadrage de l'année précédente, concernant le PLF 2019, nous retrouvons ces mêmes recommandations, à savoir, la priorité aux politiques sociales comme les réformes de l'enseignement, l'intégration économique, la santé et la couverture sociale, l'emploi et le pouvoir d'achat. Certes, il est normal de revoir ces secteurs revenir dans la liste des priorités gouvernementales, puisque leur concrétisation nécessite un travail continu, mais rappelons-nous que le Roi les a jugées insuffisantes dans leurs résultats, ce qui traduit des lacunes dans leur concrétisation par les membres du gouvernement. Les chiffres expliquent que le problème semble être majoritairement budgétaire. La redirection de certains choix budgétaires n'est plus une option, malgré les contraintes financières. En 2019, celles qui ont pesé sur la situation financière du Maroc ont été accentuées par la conjoncture internationale marquée par les conflits commerciaux entre les USA et la Chine, les tensions géopolitiques qui ont entraîné les fluctuations des prix du gaz et du pétrole, extrêmement budgétivores. L'année 2020 s'annonce encore sous de pareils auspices, avec la crise sino-américaine et les tensions dans le Moyen-Orient. Pour contrer l'impact d'une éventuelle hausse des prix à l'international du gaz et du pétrole, le Maroc préfère œuvrer en lieu sûr en souscrivant à une assurance internationale. Si la note de cadrage préconise la réduction des dépenses de fonctionnement, c'est parce qu'en 2019, celles-ci ont représenté 61% des dépenses de l'Etat, avec 216 milliards de dhs qui leur étaient alloués, et qu'elles ont même enregistré une hausse de presque 11% par rapport à 2018. La réduction de ces dépenses permettrait de rediriger le superflu vers des dépenses d'investissement par exemple, qui ne représentent que 20,60% du budget étatique de 2019, ou de couvrir la dette publique qui a enflé pour atteindre 19%. La réalisation de ces priorités en termes de politiques sociales nécessite un financement continu et durable, le gouvernement veille à encourager l'investissement et à soutenir l'entreprise, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME) afin d'accélérer la croissance économique. Cela aura comme résultat la génération de nouvelles recettes fiscales pour l'Etat, mais aussi la création d'emploi. En 2019, l'investissement public global s'est situé à 195 milliards de dirhams. Cette enveloppe représente une baisse budgétaire de 2,4% par rapport à 2015. Les efforts d'investissement publics sont en tendance baissière depuis lors. La situation actuelle des finances publiques n'est ni bonne ni mauvaise par rapport à 2018, bien qu'elle présente toujours plusieurs contraintes. En 2019, les recettes ont stagné et les dépenses ont augmenté. En parallèle, il faut rembourser la dette publique qui enfle, le FMI prête toujours plus d'argent et l'épargne à long terme qui couvre la dette intérieure est menacée par l'inflation. Ainsi, pour se donner le maximum de marge budgétaire dans la concrétisation des politiques sociales, réduire les dépenses de fonctionnement et encourager l'investissement dans les PME, comme préconisé dans la note d'El Othmani, s'avère être une solution temporairement correcte pour garder la tête hors de l'eau.