Dans un récent communiqué, l'ONG de défense de la liberté de la presse, Reporters Sans Frontières (RSF), s'est insurgée contre «la chasse aux médias» toujours en cours dans plusieurs pays d'Afrique du nord et du Moyen-Orient (MENA). RSF est notamment revenu sur les derniers démêlés de journalistes et d'organes de presse marocains avec l'Etat. Le communiqué, publié samedi 20 août, par RSF, dénonce les violences, arrestations et autres exactions visant à museler les journalistes et la presse dans plusieurs pays de la région MENA. Dans le collimateur de RSF, le Yémen, Bahreïn, le Maroc et la Tunisie. RSF dénonce au Maroc, le «harcèlement judiciaire contraire à la volonté affichée par le royaume, en avril dernier, de réformer le code de la presse dans une direction plus démocratique» et déplore «qu'il soit si difficile pour les journalistes marocains d'informer sur la vie politique du royaume alors qu'approchent les élections législatives prévues en octobre 2011.» Dans le sillage du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), il y a deux semaines, RSF a dénoncé les poursuites engagées contre Driss Chahtane et Abdel Aziz Gogass, respectivement directeur de la publication et journaliste de l'hebdomadaire Al Michaal. Le journal avait publié, le 20 juillet dernier, un article suspectant certains walis et gouverneurs d'être «très proches» du Parti authenticité et modernité, fondé par l'ami intime du roi, Fouad Ali El Himma. Le parquet avait ouvert une enquête pour «fausse information» contre la publication. La date des procès a été fixée au 29 août. Le SNPM avait réclamé l'arrêt des poursuites et dénoncé les «interrogatoires marathoniens» dont le Chahtane et Gogass avaient fait l'objet. RSF a également dénoncé les poursuites encourues par Moustapha Alaoui, rédacteur en chef de l'hebdomadaire arabophone Al Oussboue Assahafi, et Youssef Meskine, journaliste. Les deux hommes sont dans le collimateur de la justice marocaine depuis que leur journal a publié un dossier consacré à des interventions dans la nomination de certains responsables de l'administration territoriale. RSF s'est aussi élevé contre des violences faites aux journalistes Mohamed Ayache Bouihi d'Al Massae et Hamid Bouffous de Risalat Al Oumma qui auraient été pris à partie par les forces de l'ordre, le 12 août, alors qu'ils couvraient des manifestations à Laâyoune. Maroc : Une image à améliorer C'est la deuxième fois, au cours du mois d'août, que RSF publie un communiqué pour dénoncer des violations de la liberté de la presse et de ses acteurs au Maroc. Début août, l'ONG s'insurgeait déjà contre les agressions de certains journalistes et bloggeurs marocains, entre mai et juillet 2011. Plus tôt dans l'année, RSF avait dénoncé l'arrestation de Rachid Niny. Le directeur de la publication d'Al Massae, arrêté le 28 avril, a été condamné à un an de prison ferme et 1000 dirhams d'amende, le 9 juin. On lui reproche d'avoir publié de «fausses informations» dans sa chronique «Chouf Tchouf». Un détail interpelle dans cette affaire : alors que le procès en appel aura lieu le 25 août, la justice a rejeté, à trois reprises, les demandes de liberté provisoire formulées par les avocats de Rachid Niny. A priori, ce dernier ne représente pourtant aucune menace immédiate et directe pour la sécurité des citoyens marocains. Face à de tels cas, il sera difficile de voir le Maroc améliorer sa position au classement annuel de la liberté de la presse dans le monde, établi par RSF. En 2010, le Royaume était classé 135e sur 178 pays, avec un indice de 47,40 : sa pire note depuis 2002, année où le classement a été publié pour la première fois.