«Arrestation déguisée», «interrogatoires marathoniens»... le Syndicat national de la presse (SNPM) n'y va pas avec le dos de la cuillère. Au lendemain de l'ouverture d'une enquête judiciaire à l'encontre de l'hebdomadaire arabophone Al Ousboue Assahafi, le SNPM réagit et appelle à l'arrêt des poursuites à l'encontre des journalistes. Et pour cause, il s'agit de la deuxième affaire du genre en moins d'un mois, mais surtout depuis l'adoption de la nouvelle Constitution. Avec l'hebdomadaire arabophone Al Michaâl, les publications sont toutes deux sous le coup d'une enquête, pour avoir publié des propos sur d'éventuelles interventions de certains partis dans la nomination de walis et de gouverneurs, lors des précédentes législatives et au cours des élections communales de 2009. Pratiques contradictoires Déclarant avoir suivi avec grande préoccupation les «interrogatoires marathoniens» auxquels ont été soumis les deux directeurs de publication des hebdomadaires, à savoir Driss Chahtane (Al Michaâl) et Abdelaziz Koukas (Al Ousboue Assahafi), le syndicat juge que «la procédure suivie lors de ces interrogatoires est une forme d'arrestation déguisée». D'autant que les avocats des journalistes n'ont pas été conviés aux entrevues judiciaires, ajoute le SNPM dans un communiqué publié en début de semaine. Ces pratiques ont également été pointées du doigt par la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) lors d'une réunion tenue cette semaine. Pour les professionnels qui «imputent la responsabilité au gouvernement marocain», tout ceci est «en contradiction flagrante avec les principes de la nouvelle Constitution». Dans les prochains jours, les deux organismes comptent s'adresser au chef du gouvernement, aux ministres de la Justice, de l'Intérieur et de la Communicationau ainsi qu'au Conseil national des droits de l'homme (CNDH), afin qu'ils «assument leurs responsabilités vis-à-vis de ces violations».