Le «dialogue interne» au PJD sera lancé, dans moins de dix jours, dans un contexte marqué par de graves divergences entre le «courant des ministres» et les fidèles de Benkirane. La réussite du projet voulu par El Othmani dépend largement de la participation de son prédécesseur. Le PJD s'apprête à donner, les 23 et 24 juin, le coup d'envoi de son «dialogue interne». Une initiative dont la finalité est de resserrer les rangs du parti, fortement secoués par la destitution en mars 2017 d'Abdelilah Benkirane et le rejet du projet de lui accorder un troisième mandat à la tête de la Lampe. Les appels de boycott de trois marques a jeté de l'huile sur le feu, aggravant les divisions désormais flagrantes entre le «courant des ministres» dont le chef de file est Saâdeddine El Othmani, et celui des fidèles de l'ancien secrétaire général. Ces divergences se sont publiquement manifestées à l'occasion des deux derniers passages du chef du gouvernement à la Chambre des conseillers et à la Chambre des représentants, respectivement les 15 et 28 mai. Le conseiller Abdellatif El Hallouti n'a pas hésité, d'ailleurs, à accuser l'exécutif d'être «le porte-parole des grandes entreprises». Les réseaux sociaux ont offert à la base des islamistes un espace pour exprimer son opposition, parfois sans retenue, au traitement donné par El Othmani et les siens à la campagne en cours. Benkirane sera-t-il présent ? C'est dans ce contexte presque délétère que devra s'ouvrir dans les prochains jours le «dialogue interne». En vue de réussir son projet, le secrétaire général avait tendu la main en direction des «Benkiranistes» en les intégrant dans le tour de table de la commission mandatée pour chapeauter ce dialogue, comme le conseiller Abdelali Hamieddine et les députées Amina Maâ El Ainin et Maimouna Aftati, l'épouse du très controversé Abdelaziz Aftati, en plus de Driss Azami, président du conseil national. A moins de dix jours de ce grand rendez-vous pour l'actuel secrétaire général, la présence de son prédécesseur lui donne du souci. Et pour cause, Benkirane n'a pas encore annoncé clairement sa participation au «dialogue interne». Depuis le refus d'El Othamni de l'inscrire sur la liste des animateurs des congrès régionaux sous prétexte qu'il n'est pas membre du secrétariat général, l'ancien chef du gouvernement évite les réunions officielles. Il a d'ailleurs décliné l'invitation d'assister au second congrès des femmes du PJD, malgré l'insistance de Bassima Hakkaoui. Son absence risque de mettre en péril tout le processus du «dialogue interne» voulu par El Othmani. La dernière participation de Benkirane à une rencontre officielle du PJD remonte à la session du conseil national du parti du 20 janvier, marquée par un raz-de-marée de ses fidèles.