Saâdeddine El Othmani semble avoir tiré les leçons de la victoire des partisans de Benkirane aux congrès régionaux de Rabat-Salé-Kenitra et Fès-Meknès. Désormais, il accorde des places à ses opposants au sein de la commission de dialogue interne. Saâdeddine El Othmani a fini par opérer une ouverture calculée et nullement désintéressée sur les fidèles de son grand rival, Abdelilah Benkirane. Le secrétaire général du PJD et chef de l'exécutif a daigné intégrer des voix qui ont ardemment défendu l'idée d'un 3e mandat pour son prédécesseur, au sein de la commission du dialogue interne. L'instance a désormais pour mission de resserrer les rangs dispersés des islamistes, fortement secoués après le limogeage en mars 2017 de Benkirane par le roi Mohammed VI. Ainsi, sur la liste diffusée mardi par le site d'actualité du PJD, figure notamment le conseiller Abdelali Hamieddine et les députées Amina Maâ El Ainin et Maimouna Aftati, l'épouse du très controversé Abdelaziz Aftati, ainsi que Driss Azami, le président du conseil national. L'impact des congrès régionaux Au lendemain du 8e congrès du PJD, organisé en décembre dernier à Skhirat, Saâdeddine El Othmani a tenu à écarter du tour de table du secrétariat général toutes les personnes qui n'adhéraient pas entièrement à sa ligne politique. Droit dans ses bottes, il a tenu début mars à fermer la porte aux partisans de Benkirane lors de la distribution de présidence de commissions du PJD. Les postes sont restés exclusivement réservés à ses partisans. Cette petite ouverture intervient quelques jours après les revers subis par le camp El Othmani, lors des congrès régionaux de la Lampe, notamment ceux des 24 et 25 mars à Rabat-Salé-Kenitra et Fès-Meknès. L'issue des opérations de vote a donné des victoires sans appel de respectivement Abdelali Hamieddine et Khalid Boukeriî. Deux parlementaires qui n'ont jamais caché leur proximité avec Abdelilah Benkirane. Force est de constater que dans ce contexte particulier, une autre mise à l'écart des Benkiranistes de la part d'El Othmani d'une instance décisive du parti, telle que la commission du dialogue interne, aurait aggravé les dissensions au sein du PJD et condamné le dialogue à l'échec. Elle aurait même radicalisé davantage les opposants du secrétaire général et chef du gouvernement au sein du parti et dans les deux Chambres du Parlement.