Le 8e congrès du PJD restera dans les annales. Pour la première fois, Abdelilah Benkirane est absent de la composition du secrétariat général du parti. Contrairement aux fidèles du numéro 1 sortant qui ont subi le même sort, les amis de Saâdeddine El Othmani sont présents en force. Saâdeddine El Othmani s'est offert un secrétariat général à sa mesure. Les figures ayant porté le projet du 3e mandat d'Abdelilah Benkirane ou dénoncé les «concessions» de celui-ci, lors de la formation de son gouvernement, n'ont eu accès au tour de table de la plus importante instance du PJD. En témoignent les mises à l'écart d'Abdelali Hamieddine et de Jamaâ Mouâtassim. Pour sa part, Driss Azami, un autre fidèle de Benkirane, a eu plus de chances que ses deux «frères». Il a arraché son ticket d'entrée au très select secrétariat général, en tant que nouveau président du conseil national. Même Abdelilah Benkirane n'a pu récupérer sa place dans la composition du secrétariat général. En effet, El Othmani n'a pas proposé le nom de son prédécesseur dans la liste soumise hier soir au vote des membres du «parlement» du parti. Une première dans l'histoire de la formation islamiste. Main basse du «courant des ministres» Cette mise à l'écart de Benkirane est la grande surprise du 8e congrès du PJD. Toutefois, les principales têtes d'affiche du «courant des ministres» ont fait main basse sur le secrétariat général. Y sont présents Mustapha Ramid, Aziz Rabbah, Abdelkader Amara, Mohamed Yatim, Mustapha El Khalfi, Jamila El Moussali et Bassima Hakkaoui. A ces derniers s'ajoutent le député Mohamed Hamdaoui, ancien président du Mouvement unicité et réforme (MUR) qui a rallié dernièrement au camp El Othmani, Soumia Benkhaldoun, ex-ministre limogée par le roi Mohammed VI en 2015, et Slimane El Amrani qui a abandonné le clan Benkirane à la dernière minute. Une récompense pour cet homme qui doit en grande partie son ascension politique à l'ancien chef de l'exécutif. Cette forte présence des opposants au projet du 3e mandat de Benkirane est loin de traduire la réalité des rapports de force existants actuellement au sein du parti de la Lampe. Il faut rappeler que Saâeddine El Othmani a remporté sa victoire avec 1006 voix, contre 912 pour Driss Azami. C'est dire qu'il n'y a pas eu un raz-de-marée des amis du chef du gouvernement pour procéder à une exclusion des fidèles de Benkirane du secrétariat général. Comme prévu, le 8e congrès du PJD s'est conclu sur l'élection d'une nouvelle direction. Cependant, des doutes subsistent sur sa capacité à unifier l'ensemble des islamistes du parti.