L'arrêt du 27 février de la CJUE aura un impact direct sur le secteur de pêche en Espagne. Si en Andalousie, les professionnels se veulent prudents, aux Iles Canaries et en Galicie le tableau est noire. Les deux flottes pêchent essentiellement dans les eaux du Sahara. C'est demain que le gouvernement espagnol examinera avec les professionnels de la pêche les répercussions de l'arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) sur l'accord de pêche avec le Maroc. Prudent, l'exécutif de Mariano Rajoy souhaite d'abord entendre les avis des représentants du secteur de la pêche avant de se prononcer. Un secteur qui, après le 27 février, a cessé de parler le même langage. Si la décision de la CJUE a alimenté les "incertitudes" en Espagne quant à l'avenir des pêcheurs, elles ne sont plus partagées de la même façon par l'ensemble des armateurs et salariés des trois régions bénéficiaires des licences du traité de 2014. En Andalousie, ils se disent soulagés que le traité n'a pas été invalidé par la CJUE comme l'avait préconisé le procureur général de la Cour dans son avis du 10 janvier. Ils assurent également que les bateaux de cette province ne pêchent pas dans les eaux du Sahara occidental. Néanmoins, l'arrêt met cette activité en Andalousie face à "une situation nouvelle", comme l'a reconnu dans des déclarations à EFE, Pedro Maza, président de l'Association des armateurs de l'Andalousie. Sur la chaîne Canal Sur, d'autres voix de cette région ont affirmé qu'ils pêchent dans la zone située entre Larache et Casablanca. Malgré cette "conformité" avec l'arrêt de la Cour, les Andalous seront amenés à partager les eaux dans lesquelles ils pêchent aujourd'hui avec leurs confrères de Galicie, des Iles Canaries et en provenance d'autres pays de l'Union européenne. C'est à cette concurrence que s'est référé Pedro Maza. Aux Iles Canaries, l'arrêt sera total Si en Andalousie le tableau est nuancé, aux Iles Canaries il est totalement noir. Les 12 bateaux de l'archipel ayant des autorisations de la part de l'UE, pêchent tous dans les eaux au large du Sahara occidental. L'arrêt de la CJUE mettra au chômage 60 pêcheurs, a relevé un membre du gouvernement autonome. A ce chiffre s'ajoute la baisse des recettes des professions liées à cette activité, tels le transport, l'emballage et les distributeurs de carburants. Le titre d'un article du site Canaria7 résume à lui seul le désespoir de toute une région : "Les Iles Canaries, sans zone où pêcher". En Galicie, le secteur est aussi sérieusement menacé par la décision de la CJUE. Les bateaux locaux pêchent essentiellement au large du Sahara. Ils ne sont pas les seuls d'ailleurs : "Entre 93 à 95% des captures de la flotte de l'Union européenne sont réalisées dans les eaux du Sahara occidental", a précisé le secrétaire général de la Confédération espagnole de pêche, Javier Garat.