Le gouvernement espagnol a accueilli avec appréhension l'avis du procureur général de la CJUE. Alors qu'il doit batailler pour échapper à une forte réduction des quotas de pêches de la sardine dans le golfe de Cadiz, le voilà menacé de perdre les eaux atlantiques marocaines. Les recommandations du procureur général de la CJUE préoccupent le gouvernement espagnol. L'exécutif a convoqué les professionnels et les représentants des trois régions autonomes (Andalousie, Galicie et les Iles Canaries) à une réunion urgente pour le vendredi 12 janvier à midi. Objectif : examiner les conséquences du pavé jeté encore une fois par le juge Melchior Wathelet dans la marre des relations entre le Maroc et l'Union européenne. «Tous les scénarios» seront examinés, a déclaré jeudi à la presse le secrétaire général de la Pêche, Alberto López García-Asenjo. Le responsable peine à cacher son pessimisme. Même s'il refuse de «dramatiser», il reconnait que les recommandations du procureur général «ne sont pas une bonne nouvelle». Et de révéler que 74 chalutiers espagnols opèrent actuellement dans les eaux marocaines grâce à l'accord de 2014. Le gouvernement Rajoy redoute en effet que la décision finale de la Cour de justice de l'Union européenne soit conforme à l'avis de Wathelet. Aussi, envisage-t-il de recourir au Fonds des politiques maritimes et de pêche de l'UE pour palier dans une certaine mesure à la perte des armateurs des eaux marocaines du Sahara. «Ils nous expulseront des eaux marocaines» Du côté des professionnels espagnols, l'heure est également à la préoccupation. Le secrétaire général d'une organisation d'armateurs résume bien le sentiment général de ses camarades, «personne ne sait ce qui va se passer», a déclaré Javier Garat à la presse. Si la CJUE invalide l'actuel accord de pêche «ils nous expulseront des eaux marocaines», a-t-il averti. Les recommandations du procureur général de la CJUE tombent au mauvais moment pour le secteur en Espagne. La Commission européenne envisage en effet d'instaurer un moratoire d'une année sur la pêche des sardines au golfe de Cadiz. Une perspective inquiétante pour l'Espagne et le Portugal. Les deux pays d'ailleurs préparent conjointement leur réponse. Elle devrait être présentée le 15 janvier lors d'une réunion à Bruxelles. Madrid et Lisbonne seraient prêts à accepter une interdiction jusqu'au 1er juin et de réduire les quotas, indique la version en ligne du quotidien ABC. Reste à savoir si avec l'avis du juge Melchior Wathelet, les deux capitales maintiendront cette position...