Au moment où les autorités espagnoles chauffent le débat envers les pêcheurs marocains, les représentants de la filière appellent au calme et au dialogue. Rien ne va plus entre les marins espagnols et marocains. Lundi, des pêcheurs originaires de Cadix se sont plaints auprès de leur gouvernement de nouvelles «attaques à leur encontre de la part de leurs compères marocains». Des frictions qualifiées, par la presse espagnole, d'escalade de la tension entre les marins des deux côtés du Détroit. Depuis la livraison des licences le 12 septembre dernier, les marins andalous déplorent ce qu'ils appellent «des actes d'intimidation» de la part de leurs confrères marocains dans les eaux poissonneuses de la région du nord. Et les déclarations des officiels ibériques ne font qu'attiser les tensions. Dans un communiqué, la déléguée du gouvernement en Andalousie, Carmen Crespo a mis en garde les pêcheurs marocains contre ces menaces à l'encontre de la flotte andalouse, tout en qualifiant le comportement des pêcheurs nationaux «d'inadmissibles» et «lamentables». Crespo a estimé que cela fait trois ans que les pêcheurs marocains capturent sans aucune concurrence et qu'il est temps, à présent, qu'ils prennent l'habitude de partager ces eaux comme le stipule le pacte de pêche. La responsable andalouse a laissé entendre que le gouvernement de Madrid ne compte pas rester les bras croisés et qu'il agira en conséquence. «Le gouvernement d'Espagne suit de très près la situation dans la zone de pêche marocaine», a-t-elle martelé. Crespo a souligné que l'Exécutif ibérique maintient des contacts directs avec son homologue marocain. Celui-ci, ajoute la représentante du gouvernement de Madrid, a montré sa disposition à collaborer pour trouver des formules permettant le retour des pêcheurs à capturer en toute normalité. Contacté par «Les ECO», Javier Garat, secrétaire général de la Confédération de pêche espagnole (Cepesca) déplore ces querelles et dit ne pas comprendre l'attitude des marins marocains. Concernant les accusations formulées par les contestataires marocains et selon lesquelles la flotte andalouse aurait mis en péril les ressources halieutiques en ayant recours à des méthodes peu conventionnelles, Garat réfute cette thèse. Selon la version du représentant de la filière espagnole, le secteur n'a pas changé ses méthodes de travail et donc ces accusations sont infondées. D'ailleurs, souligne le secrétaire général, des incidents du même genre se sont déjà produits lors des précédents protocoles mais sont restés sans grande portée. Garat insiste sur le fait que ces affrontements ont eu lieu uniquement dans les pêcheries du nord, tandis que dans le reste des zones, les bateaux espagnols pêchent en toute tranquillité. «Nous sommes en contact avec nos collègues et nous espérons régler ce problème au plus vite. Tout ce que nous voulons, c'est travailler sans frictions», lance Garat. Des conciliabules sont en cours pour concerter une réunion entre les pêcheurs des deux rives comme l'ont confirmé les responsables andalous. De son côté, la partie marocaine de la Commission mixte des professionnels maroco-espagnols de la pêche œuvre pour un rapprochement des positions entre les deux camps.