Les pêcheurs espagnols suivent de très près les péripéties de l'accord de pêche. L'annonce de l'approche de la reprise des négociations entre le Maroc et la Commission européenne (CE) réchauffent les esprits. Contactées par nos soins, plusieurs associations de pêcheurs disent que les informations qui circulent sur l'évolution du processus sont réconfortantes. N'empêche que cet air d'optimiste ne souffle pas partout. Las d'attendre, neuf embarcations du village de Barbate ont décidé de larguer les amarres, direction le Golfe de Cadix, où ils comptent jeter l'ancre. S'ils franchissent le pas, ces matelots n'auront plus accès aux aides proposées par la CE et le gouvernement espagnol, en faveur des équipages espagnols touchés par la décision de suspension de l'accord de pêche. Cette annonce reflète le désespoir de la flotte andalouse. Certes ils n'espèrent pas ramener dans leurs filets des quantités impressionnantes de captures, puisque la zone poissonneuse du Golfe de Cadix est moins généreuse que la marocaine, toutefois ils jugent qu'il s'agit d'un moindre mal devant le retard dans l'adoption d'un nouveau traité. Ils estiment que les frais de maintenance technique des bateaux plombent leur trésorerie et que les indemnités perçues ne comblent pas ce déficit. Le porte-parole d'un collectif des armateurs a assuré qu'il ne reste à certains patrons de bateaux que 500 euros par mois, une fois les frais acquittés. Pour les propriétaires des embarcations, la priorité pour le secteur est la signature, «d'une manière urgente», d'un accord avec le Maroc. Outre les armateurs, les députés espagnols s'impatientent. Le ministre espagnol de l'Agriculture est assailli par les requêtes des groupes parlementaires sur l'avenir du pacte et l'évolution du processus. De son côté, la Centrale syndicale Commission ouvrière (CCOO) a appelé le gouvernement central à redoubler d'efforts pour la reprise de l'accord avec le royaume. Les inquiétudes de la centrale syndicale espagnole s'expliquent par l'imminence de la fin du traité avec la Mauritanie, lequel expire en juillet. S'il subit le même sort que celui réservé au pacte maroco-européen, environ 5.000 marins ibériques viendront alourdir les rangs des sans-emploi espagnols. Par ailleurs, les équipages des bateaux frappés par la sanction du Parlement européen ont encaissé, cette semaine les chèques d'indemnisation. Au total, 661 matelots ont perçu 45 euros pour chaque jour chômé, soit 1.350 euros par mois. «Les armateurs des 69 bateaux auront droit finalement à cent euros par jour», a indiqué le gouvernement au cours de cette semaine. Malgré cela et le déboursement des aides, comme promis par la CE et le gouvernement espagnol, les pêcheurs ne se lassent pas de répéter l'urgence de conclure un accord, dans les plus brefs délais.