Les eurodéputés ayant répandu l'idée de la non rentabilité économique de l'accord de pêche Maroc-UE doivent être dans leurs petits souliers. Selon un rapport fraîchement publié par le ministère local de l'Agriculture et de la pêche du gouvernement andalou, la flotte a empoché 21,37 millions d'euros de plus en vertu de l'accord de pêche Maroc-Union européenne. Le document, dont le timing de publication n'est pas fortuit, vise à donner des arguments de poids aux responsables espagnols pour prendre fait et cause pour le protocole auprès de la Commission européenne. Tout porte à croire que le ministre de l'Agriculture, Arias Cañete, détient dans son porte-documents une copie de cette étude lors de son déplacement à Bruxelles le 10 janvier. Cañete, qui part défendre la cause des professionnels du secteur auprès de Maria Damanaki, se fera une joie de brandir cette nouvelle carte, laquelle réduit en cendres les allégations portant sur la non-viabilité économique. Concrètement, l'étude a réalisé un comparatif entre deux périodes. Celle de 2002-2007, caractérisée par l'absence du pacte et celle du 2007 à 2010, lorsque l'accord était bel et bien en vigueur. De ce fait, les 41 embarcations andalouses ayant une licence pour pêcher dans les eaux marocaines, ont réalisé des captures d'une valeur de 52,3 millions d'euros, grâce au poisson marocain. En revanche, la flotte a enregistré des recettes de l'ordre de 31 millions d'euros lors de la période caractérisée par l'absence du pacte. Les bateaux qui se dédient principalement à la pêche de la sardine et d'autres espèces pélagiques, avaient été les principaux bénéficiaires de la reprise de l'activité dans les zones poissonneuses marocaines. Les prises de ces espèces ont évolué de 73%, totalisant la somme de 37,2millions d'euros. De surcroît, et en vertu du pacte, la localité de Barbate a encaissé des recettes de 14,9 millions d'euros, rien que dans la capture de la sardine et de l'anchois. Alors que dans la période du «non-accord», les prises étaient d'à peine 228.125 euros. Cela explique d'ailleurs la forte mobilisation de ce village pour la reconduction de l'accord car, comme en attestent les chiffres, les captures sont infimes, sans le poisson marocain. En termes de création d'emploi, la flotte réalisant des prises dans les eaux marocaines avait créé 478 postes de travail directs. À cela s'ajoute quelque 239 emplois indirects, liés spécialement aux secteurs industriel, à l'hôtellerie et à la restauration. Outre Barbate, les localités de Tarifa et d'Algésiras, qui recourent à la pêche à la palangre, ont totalisé des captures d'une valeur de 15 millions d'euros, au moment où cette somme était de 9,5 millions d'euros durant l'absence du pacte maroco-européen. En termes de rentabilité, 30% des 5,5 millions d'euros de la valeur ajoutée nette réalisée en 2010 par les chalutiers pélagiques provenait directement de la flotte du Golfe de Cadix et donc du poisson national.