Après à peine six semaines d'activité, certains armateurs espagnols ont annoncé leur retrait des eaux marocaines. Ils évoquent une faible rentabilité et des conditions de pêche trop strictes à leur goût. La moitié des bateaux espagnols de pêche artisanale qui ont obtenu des licences pour pêcher dans la zone nord du Royaume déclarent avoir quitté définitivement les côtes marocaines. Selon des sources des associations des pêcheurs de la région de Barbate dans le sud de l'Andalousie, une vingtaine de bateaux auraient préféré renoncer à leur activité dans les eaux nationales après seulement six semaines de présence. Et ce par manque de rentabilité, précise-t-on. Les pêcheurs de Barbate risquent d'être suivis dans leur action par d'autres armateurs qui estiment que l'Union européenne devrait œuvrer pour contraindre le Maroc à plus de «flexibilité» quant aux limites imposées par l'accord signé entre les deux parties et entré en vigueur le 31 mars. «La rentabilité a été nulle», martèlent certains pêcheurs espagnols et à leurs yeux le retour aux eaux marocaines qu'ils jugent «pauvres» en poisson, «ne mérite pas la peine». Les pêcheurs de Barbate estiment que le nouvel accord de pêche «comporte des restrictions qui limitent le bénéfice». «Ainsi, jugent-ils, les pêcheurs communautaires ne peuvent pas s'approcher à plus de deux miles des côtes comme ils ne peuvent utiliser des projecteurs auxiliaires au-delà d'une zone limitée. Ils se disent également pénalisés par le prix du carburant. «Toutes ces conditions, estiment-ils, rendent difficiles les captures». Celles-ci auraient été en deçà de ce qu'ils espéraient. «Nous avons dépassé les 40.000 kg d'anchois un seul jour, 20.000 un autre. Pour les autres jours, les prises oscillaient entre 800 et 900 Kg, ce qui est dérisoire», se lamente un pêcheur cité par les médias espagnols. Par ailleurs, le porte-parole du département chargé de la Pêche au sein de la Commission européenne, Mireille Thom, citée par les mêmes sources, affirme que l'exécutif communautaire maintient les contacts avec le Maroc, mais, prévient-elle, dans tout accord de ce type, «il y a des conditions et des normes techniques qu'il faut respecter». Pour la partie marocaine, les pêcheurs communautaires sont soumis aux mêmes restrictions et contraintes qui régissent l'activité de la pêche nationale. «Nous avons appliqué aux navires européens les mêmes dispositions qui s'appliquent à la flotte nationale», avait souligné Mohamed Tarmidi, secrétaire général du département des Pêches au moment de l'entrée en vigueur de l'accord. «Ils se sont vu accorder les mêmes avantages et sont soumis aux mêmes restrictions», avait-il précisé. Selon l'accord signé entre le Maroc et l'UE, 119 bateaux européens, parmi lesquels se trouvent 101 espagnols dont 44 andalous ont commencé à débarquer dans les eaux territoriales marocaines depuis le 12 avril. En outre, il est à rappeler que l'accord prévoit, entre autres, une obligation de débarquement des prises sur le sol marocain variant entre 25 et 50% du volume, selon la nature des espèces. Il est, également, prévu l'embarquement sur les navires européens d'environ 300 marins marocains. Le nombre des marins embarqués diffère selon la nature des navires. En contrepartie, l'Union européenne accordera une compensation financière annuelle au Maroc de l'ordre de 36,1 millions euros, soit un total de 144,4 millions pour les quatre ans de validité de l'accord.