Plusieurs voix se sont élevées en Espagne contre le rejet par le Parlement européen (PE) de la prorogation de l'accord de pêche entre le Maroc et l'Union européenne (UE), décision qui porte gravement préjudice aux intérêts socioéconomiques d'un pays souffrant, de surcroît, d'une crise économique et financière étouffante. Le Parlement européen a rejeté, mercredi, par 326 voix contre, 296 pour et 58 abstentions l'extension du protocole annuel de l'accord de pêche entre le Maroc et l'UE, entré en vigueur à titre provisoire depuis le 28 février 2011. Ainsi, de nombreux responsables au sein du gouvernement central espagnol et des exécutifs régionaux, ainsi que des représentants des professionnels de la pêche et des partis politiques ont appelé l'UE à assumer ses responsabilités face à cette décision du PE. La réaction du gouvernement espagnol à cette décision ne s'est pas faite attendre. Le ministère de l'environnement et des milieux rural et marin a désapprouvé, mercredi, le vote du PE contre la prorogation de l'accord de pêche entre l'UE et le Maroc, affirmant toutefois respecter cette décision. Dans un communiqué, le ministère réitère son soutien et son engagement en faveur de la flotte espagnole active dans les eaux marocaines, notant qu'il attend une notification de la commission européenne explicitant les termes d'application de la résolution adoptée par le PE. «L'Espagne exige une compensation pour les dommages que subira la flotte de pêche espagnole», a déclaré, dans le même sens, la ministre espagnole de la Pêche, Rosa Aguilar, jeudi, en marge d'une réunion à Bruxelles avec ses homologues européens. La ministre espagnole a également affirmé que son pays allait défendre cette flotte et les pêcheurs qui se retrouvent sans emploi, précisant que Madrid allait aussi militer en faveur de la renégociation d'un accord avec le Maroc. Le gouvernement de la région autonome de l'Andalousie (Sud de l'Espagne) a mis en garde contre les conséquences sur la flotte de pêche andalouse du rejet par le PE de la prorogation de l'accord de pêche entre le Maroc et l'UE. Cette décision du PE «a été adoptée en ignorance totale de ses conséquences sur la flotte de pêche andalouse», a dit la conseillère en charge du secteur de la pêche du gouvernement régional andalou, Clara Aguilera. Mme Aguilera a souligné que «le gouvernement andalou ne tolérera pas» que de telles décisions affectant directement les professionnels de la pêche andalous soient adoptées, ajoutant que l'exécutif régional «défendra la prorogation» dudit accord. Même son de cloche chez l'exécutif régional des Iles Canaries, dont le conseiller de l'Agriculture, de l'élevage et de la pêche, Juan Ramon Hernandez, a rejeté le vote du PE contre la prorogation de l'accord de pêche entre le Maroc-UE. Ce vote pourrait avoir des répercussions négatives sur la flotte canarienne qui opère dans les eaux marocaines, notamment la baisse de l'activité de la pêche et la perte de postes d'emploi, a mis en garde le responsable canarien, soulignant que d'autres secteurs pourraient également être affectés tels les transports et les services. «Parmi les 100 licences de pêche accordées à l'Espagne dans le cadre de cet accord, la flotte espagnole utilise seulement 70, dont 26 reviennent à des bateaux canariens», a précisé Ramon Hernandez. La décision du PE a suscité la colère également des armateurs espagnols notamment ceux affiliés à la Confédération espagnole de la pêche (CEPESCA) et à la Fédération andalouse des associations de pêche (FAAPE) qui ont fermement dénoncé cette résolution qui porte préjudice aux intérêts du secteur de la pêche en Espagne. La Confédération espagnole de la pêche a qualifié de «grave erreur» le rejet de la prorogation de l'accord de pêche Maroc-UE par le PE, affirmant que cette décision va occasionner des pertes d'emplois et l'arrêt de l'activité de la flotte espagnole dans les eaux marocaines. L'accord devait expirer le 27 février prochain, mais la décision du PE entraîne la cessation immédiate de l'activité des bateaux de pêche espagnols, notamment andalous et canariens, dans les eaux marocaines, a déploré le secrétaire général de la confédération, Javier Garat, dans des déclarations à EFE. Garat a dénoncé l'adoption par le Parlement européen des thèses «politiques» des écologistes et du groupe des Verts qui «n'ont rien à voir avec la réalité». Devant l'impair commis par le PE à travers ce vote, la Maroc a invité tous les bateaux opérant dans le cadre de l'accord de pêche avec l'UE à quitter les eaux territoriales nationales à partir de mercredi. «La décision du Parlement européen marque ainsi un développement regrettable, aux conséquences sérieuses sur l'avenir de la coopération entre le Maroc et l'Union européenne en matière de Pêche», a souligné le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération dans un communiqué, ajoutant que le vote du PE interpelle, à l'évidence, les autorités du Royaume quant à l'opportunité d'une réévaluation globale de son partenariat avec l'UE.