Les négociations portant sur l'accord de pêche entre le Maroc et l'Union européenne avancent à pas de tortue. C'est le sentiment général qui règne auprès des professionnels espagnols de la pêche. Malgré l'annonce de la reconduction des aides destinées aux pêcheurs espagnols, l'inquiétude reste toujours de mise. Si, en général, les concernés apprécient ce geste de la part du gouvernement espagnol, il n'en demeure pas moins que cette reconduction renvoie des messages peu rassurants sur l'état d'avancement des négociations entre les deux partenaires. «À dire vrai, les négociations avancent trop lentement, voire stagnent. Chaque partie est absorbée par ses problèmes internes et tant que les marins espagnols accèdent aux aides, les négociateurs ne se pressent pas», nous confie cette source au sein de la commission mixte maroco-espagnole des Professionnels de la pêche. Contacté par nos soins, Javier Garat, secrétaire général de la Confédération espagnole de la pêche (CEPESCA) préfère adopter un ton optimiste. Selon lui, la prorogation des aides ne signifie en aucun cas l'impossibilité d'atteindre un accord avant le 14 décembre, date à laquelle arrivent à terme les compensations. Pour Garat, «le renouvellement des aides traduit l'engagement du gouvernement espagnol envers les pêcheurs affectés», soutient-il. D'autre part, le Parlement européen, qui a sabordé le traité, revient sur le devant de la scène. Une délégation de la commission de la Pêche du Parlement européen devrait débarquer au Maroc vers la fin de ce mois de juin. Conduite par l'eurodéputée espagnole Carmen Fraga, membre de ladite commission, la délégation devrait s'arrêter sur les réalisations effectuées par le Maroc dans les provinces du sud. Cette délégation devrait, à la fin de cette visite d'inspection, soumettre un rapport aux eurodéputés. Pendant ce temps, le village de pêcheurs de Barbate, où se concentre une grande partie de la flotte andalouse, appelle de ses vœux un retour rapide de ladite flotte. Les appels prônant une reprise de l'activité s'intensifient aussi dans l'archipel canarien. Certes, la prorogation est considérée comme une bouffée d'oxygène mais inquiète tout de même le secteur. Selon les déclarations d'un représentant des marins dans l'archipel canarien, ce retard dans les négociations se voyait venir. «Cela fait un mois et demi que nous avons souligné que les négociations n'avancent pas, que les démarches sont très lentes et qu'aucune solution à court terme ne s'entrevoyait», a-t-il manifesté. Les pêcheurs placent désormais leurs espoirs sur la conclusion d'un accord avant la fin de l'année. Signe de résignation, les armateurs procèdent à des travaux de maintenance de leurs embarcations sans trop se presser car ils sont convaincus que les chances d'un prochain retour aux eaux marocaines sont minimes. Il est à noter qu'une réunion est prévue ce mardi au Luxembourg entre les ministres européens de la Pêche, rencontre que devrait saisir l'Espagne pour interpeller la CE sur l'état d'avancement des négociations.