En Espagne, crise catalane oblige, l'heure est au débat sur la réforme de la constitution de 1978. La section de Podemos à Ceuta veut promouvoir une stratégie pour empêcher les revendications du Maroc sur les enclaves espagnoles en territoire marocain. Profitant du débat sur la nécessité de réformer la constitution espagnole, la section de Podemos à Ceuta entend peser sur le cours des discussions. A cet effet, elle a rédigé un document sur l'avenir de Ceuta et Melilla, intitulé «Imaginons», adressé à la direction du parti à Madrid, rapporte un média local. Le texte exige de l'Etat espagnol qu'il accorde aux deux villes le statut de «communautés autonomes». Actuellement, elles sont reconnues en tant que «villes autonomes». La formation d'extrême gauche s'appuie sur la cinquième disposition de la loi fondamentale de 1978 pour formuler sa requête. Celle-ci souligne que «les villes de Ceuta et Melilla pourront se constituer en communautés autonomes si leurs conseils municipaux respectifs en décident ainsi, à travers un accord adopté par la majorité absolue de ses membres». Une fois ce pas franchi, c'est au «Cortes (Chambre basse du parlement) de l'autoriser à travers une loi organique selon les termes prévus dans l'article 144». L'alinéa 1 de l'article 143 précise que «dans l'exercice du droit à l'autonomie reconnu par l'article 2 de la Constitution, les provinces limitrophes présentant des caractéristiques historiques, culturelles et économiques communes, les territoires insulaires et les provinces constituant une entité régionale historique pourront accéder à l'autogouvernement et se constituer en communautés autonomes conformément aux dispositions du présent titre et de leurs statuts respectifs». Or, les deux villes ne semblent pas remplir les critères requis. L'histoire, la culture et la religion divisent les habitants, entre une population autochtone aux origines marocaines et les descendants des colons espagnols. Barrer la route aux revendications du Maroc Podemos-Ceuta soutient dans son plaidoyer, que sa demande est unanimement partagée par les autres partis, y compris le Parti populaire (PP). La section locale estime que le changement de statut est le meilleur moyen de mettre un terme aux demandes du Maroc de lui rétrocéder Ceuta et Melilla. Force est de constater que cet emballement se heurte à quelques réticences auprès de certains membres de Podemos en Espagne. Pour rappel, la sénatrice Maribelle Mora avait déclaré en février que «Ceuta et Melilla ne sont pas espagnoles», reconnaissant ainsi la «légitimité» des revendications marocaines. Le changement de statut provoquerait surtout une crise profonde avec Rabat. L'Espagne, engluée dans la crise catalane et sous la menace djihadiste, peut-elle se permettre d'ouvrir un autre front avec le Maroc, de surcroît sur une question hautement sensible pour son voisin du sud ?