La récente proposition du gouvernement espagnol de faire participer les Marocains d'Espagne à la vie politique du pays, n'est visiblement pas vue d'un bon œil par tous. A Ceuta, le gouvernement local, dirigé par le Parti Populaire (opposition) se dit préoccupé par une telle mesure. Guillermo Martínez, porte-parole du gouvernement autonome de Ceuta, a estimé ce mercredi que l'exécutif de l'enclave était «préoccupé» par la possibilité que les Marocains qui y résident puissent participer aux élections locales. Il réagissait ainsi à une déclaration faite la veille par la ministre espagnole des Affaires étrangères. Trinidad Jimenez avait en effet ouvert la porte à la participation des citoyens marocains résidant en Espagne, à la vie politique du pays. Les MRE d'Espagne auraient ainsi, bientôt la possibilité de voter lors des élections municipales du pays. Cette mesure répondait à une disposition de la nouvelle constitution marocaine, votée le 1er juillet dernier. L'article 30 du texte stipule en effet que «les étrangers jouissent des libertés fondamentales reconnues aux citoyennes et citoyens marocains, conformément à la loi. Ceux d'entre eux qui résident au Maroc peuvent participer aux élections locales, en vertu de la loi, de l'application de conventions internationales ou de pratiques de réciprocité». La mise en place du mécanisme de réciprocité en Espagne reste cependant soumis à l'aval du parlement espagnol. Pour l'Exécutif ceuti, l'inquiétude serait liée au statut juridique particulier des territoires de Ceuta et Melilla, rapporte Europa Press. En effet, ces deux villes, enclavées au Maroc, mais sous souveraineté espagnole, sont considérées comme des cités autonomes, et ont des gouvernements locaux, à l'image des autres régions espagnoles. Les collectivités de ces villes ne sont donc pas strictement municipales, mais également locales et autonomes, a expliqué Guillermo Martínez. Il se trouve cependant, qu'une disposition du Conseil d'Etat espagnol datant de 1999 et approuvée par la Commission électorale centrale en janvier dernier, reconnait le droit de vote aux résidents étrangers, mais ne leur permet pas de se présenter. Avec l'importance de la communauté marocaine à Ceuta, l'enjeu est forcément de taille. Europa Press relève ainsi que la communauté marocaine à Ceuta, estimée à près de 3000 individus, représenterait 2 sièges au parlement local, qui compte 25 députés-conseillers. «La commission électorale a fait une interprétation de la législation que nous ne partageons pas, et sur laquelle nous allons chercher les formules juridiques plus adéquates», a déclaré Guillermo Martínez ce mercredi.