Espèce protégée, présente seulement au Maroc et en Turquie actuellement, l'ibis chauve, appelée aussi ibis érémite, surmonte petit à petit les menaces de son extinction. Ce jeudi, l'ONG SEO/BirdLife informe qu'une nouvelle colonie de cette espèce a vu le jour dans le Parc national de Souss-Massa au Maroc, signe que l'ibis chauve verra sa population augmenter. L'Ibis érémite, l'une des 100 espèces les plus menacées référencées par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), a atteint «le meilleur résultat jamais obtenu» dans le parc national de Souss-Massa, au Maroc. C'est ce qu'annonce ce jeudi l'ONG SEO/BirdLife dans un communiqué repris par l'agence Europa Press. Appelé aussi l'Ibis chauve, cet oiseau autrefois présent au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Europe du Sud, a été répertorié par l'UICN, comme étant «en danger critique» d'extinction. C'est depuis le début des années 1980 que SEO/BirdLife enquêtait sur cette espèce dans la côte atlantique marocaine, près d'Agadir, avant de mettre en place, en collaboration avec les autorités marocaines, un Plan d'Action National pour la Conservation de l'Ibis chauve (PANIC). De la famille des threskiornithidés, l'Ibis chauve, de son nom scientifique Geronticus eremita, est généralement long de 60 à 80 cm. Il se distingue des autres ibis par sa tête chauve, son long bec courbe et rouge, son plumage noir-bleuté, mais aussi les endroits où il niche. Cette espèce préfère en effet vivre en colonies sur des parois rocheuses semi-arides ou encore sur des falaises côtières. De bons résultats de reproduction Avec un total de 122 couples et deux nouveaux sites de nidification, il semblerait donc que l'ONG reste optimiste pour cette espèce menacée d'extinction. Ainsi, à l'heure actuelle, le recensement total est de 589 Ibis chauves. «Un peu moins que les 601 de l'an dernier, mais avec la certitude qu'il y a des oiseaux qui n'ont pas été recensés», précise BirdLife. Celle-ci informe aussi que l'espèce est désormais en dehors de sa «zone de confort». «Ceci est la première fois depuis les années 1990 qu'une nouvelle colonie de cette espèce en voie de disparition est construite en dehors des zones connues et communes, selon les données recueillies par Grepom, le partenaire BirdLife au Maroc qui abrite la plus grande population d'Ibis chauve de la planète.» Depuis 1994, un programme de surveillance a été mis en place dans le parc national de Souss-Massa, avec l'appui de plusieurs partenaires de BirdLife International, rappelle l'association qui note que le rétablissement de l'espèce est «très positif». Un ibis chauve de la famille Geronticus eremita. / Ph. O. Thierry Cette colonisation à d'autres endroits a été vérifiée grâce au travail de suivi Grepom, partenaire de BirdLife International, et à la collaboration de l'administration marocaine, poursuit-on de même source. Cette nouvelle tendance serait due aux «bons résultats de reproduction de ces dernières années, qui ont battu les records de productivité». Un signe d'expansion En 2016, le nombre total des Ibis chauves a dépassé pour la première fois les 600 oiseaux. «Cela fait que de plus en plus d'oiseaux ne trouvent plus de lieux de nidification dans les endroits habituels, ce qui les amènent à chercher d'autres nids», déclare Jorge F. Orueta du programme International SEO/BirdLife (SOE pour Société espagnole d'ornithologie). «Bien que le nombre des nouveaux nids semble insignifiant par rapport à une centaine d'endroits de nidification entre Tamri et le parc national de Souss-Massa, le fait qu'ils sont sortis de leur 'zone de confort' est un signe d'expansion.» À l'heure actuelle, la population totale d'Ibis chauves est en croissance au Maroc et en Turquie. Si dans le royaume, elle est à l'état sauvage, celle en Turquie serait «semi-active», poursuit l'ONG. Le nouveau pronostic reste «assez encourageant». Toutefois, malgré l'évolution favorable de l'espèce, SEO/BirdLife profite pour tirer une nouvelle sonnette d'alarme. Ainsi, elle informe qu'une usine de dessalement d'eau, à proximité du parc, «pourrait mener à la transformation du sol et donc à de nouvelles tendances». Bien que les autorités présentent «toutes les garanties pour que cela n'affecte pas les espèces», Grepom et SEO/BirdLife annoncent suivre de près ces modifications environnementales. Article modifié le 20/10/2017 à 10h30