A chaque Yennayer, la culture amazighe revient au devant de la scène. Ses plats, ses danses et ses vêtements sont célébrés par les médias officiels. Par contre, les revendications identitaires n'ont pas voix au chapitre. Cette année la célébration du nouvel an amazigh 2966 s'est passée dans le calme. Hamid Chabat est resté silencieux. Contrairement au Yennayer 2965, l'Istiqalien n'a ni appelé le chef du gouvernement à déclarer cette journée fériée ni ordonné à ses fidèles de rester chez eux. Les calculs politiques du chef du PI en prévision des prochaines législatives ont nettement poussé le parti de la Balance à prendre des distances avec les revendications amazighes. De leur côté, les médias officiels n'ont guère brillé par un traitement digne de cette occasion. Ils se sont contentés des aspects folkloriques du nouvel an amazigh. 2M a ainsi consacré deux reportages à l'événement. Mardi 12 janvier, la chaîne de Aïn Sebaa était à Targuist, où il était question d'un défilé musical ponctué par quelques danses. Le second reportage, tournée à Tiznit et diffusé mercredi 13 janvier, s'est focalisé sur la «plus grande Tagoulla» préparée dans la ville. Cette Tagoulla s'ajoute ainsi à la «plus grande omelette à Marrakech», «le plus grand tagine de sardines à Safi» et au «plus grand couscous à Agadir». Al Aoula n'a pas dérogé à la règle. La première chaîne a servi aux téléspectateurs la même recette. Qu'en est-il des revendications identitaires ? 2966 est censée être l'année de l'opérationnalisation de l'officialisation de la langue amazighe, conformément à l'article 5 de la constitution. Le gouvernement Benkirane est tenu de présenter à cet effet le projet de loi organique. Même si le roi Mohammed VI a appelé, à l'occasion de son discours du 9 octobre devant les membres des deux Chambres du parlement, à accélérer la cadence pour clore ce dossier avant la fin de cette législature, force est de constater que l'exécutif ne presse guère le pas. Jusqu'à présent le conseil de gouvernement n'a pas encore adopté le texte qu'attendent les associations amazighes depuis quatre ans et demi. Celles-ci s'impatientent de voir la loi organique quitter le siège de la présidence du gouvernement pour celui de la Chambre des représentants. Cette perspective parait de plus en plus lointaine. En plus de la passivité de l'exécutif à rédiger une loi organique dès les premiers mois de son mandat, il n'a pas encore annoncé de date pour une session extraordinaire au parlement en vue d'accélérer l'adoption des textes qui manquent.