Yennayer, fête millénaire... fêtée hors la loi Yennayer, une fête nationale légale ? Pas encore. Pas cette année en tout cas. Si les pays du grand Maghreb célèbrent le 1er janvier, le nouvel an (dit universel) et Fatih mouharam du calendrier hégirien, yennayer, fête du terroir par excellence, célébrée régulièrement dans toute l'Afrique du Nord depuis des millénaires, demeure frappée d'ostracisme. Les pratiques, les coutumes et les vœux d'abondance célébrés et honorés pourtant, en cette contrée, depuis la haute antiquité, n'ont toujours pas voix au chapitre... officiel. Cette fête est nationale et nord-africaine : yennayer n'est pas circonscrit à une seule région ou une seule communauté, c'est une fête profondément populaire. Beaucoup de gens qui la célèbrent n'en connaissent ni les origines lointaines, ni le sens malgré qu'elle soit fêtée dans toutes les maisons par tous, amazighophones ou arabophones. Le premier jour de l'année 2963, sera célébré le dimanche 13 janvier 2013. Comme chaque année, de grandes fêtes seront organisées par des associations sur tout le territoire marocain pour marquer cette date : Nador, Hoceima, Meknès, Khénifra, Ouarzazate, Marrakech, Rabat, Casablanca, Agadir, Tiznit... Chaque année de plus en plus d'activités partout. On chante, on danse, on mange de bons plats (tagoula, couscous, trid au poulet). Ce sera l'occasion aussi pour le mouvement amazigh de refaire le point. La langue amazighe longtemps marginalisée a été enfin réhabilitée par la nouvelle constitution marocaine et elle le sera sans aucun doute dans la future constitution libyenne aussi. Mais la mise en œuvre par contre tarde à venir, la loi organique qui doit l'organiser n'a pas encore vu le jour. Il faut aussi rappeler que bien que la langue amazighe soit devenue officielle au niveau de la constitution, la reconnaissance de l'amazighité du Maroc ne pourra se faire réellement que lorsque la culture et l'histoire amazighes auront été réhabilitées également dans leur totalité. La traduction de yennayer sur le plan légal, pour qu'il soit consacré comme fête nationale, fait partie de cette reconnaissance. Chaque année, le même appel est renouvelé par les militants amazighs en direction des décideurs, pour qu'ils franchissent ce cap. Le Maroc ne pourra prendre acte de son histoire, de sa diversité et de ses racines profondes sans avoir aussi reconnu cette journée comme étant nationale et fériée. En attendant l'institutionnalisation Yennayer, jour de l'an amazigh, célébré depuis des millénaires dans toute l'Afrique du nord, n'a jamais cessé d'être. Il a été repris en main par les associations culturelles amazighes depuis les années 70 dans les grandes villes où la tradition commençait à se perdre. Yennayer est le premier jour de l'an amazigh. C'est un mot composé comme suit: Yen : un ou premier. Ayur : mois. Il est aussi appelé «Id n usggwas» (nuit de l'année). C'est le jour qui marque la séparation entre deux périodes: la période de grands froids et la période de radoucissement. Fêté la nuit du 12 janvier et la journée du 13 janvier, Yennayer enregistre 13 jours de retard sur le calendrier grégorien. Il marque la séparation entre deux cycles solaires: les solstices et les équinoxes. Depuis des temps les plus reculés et étant d'essence agraire, ce calendrier continue à être utilisé en Afrique du nord comme une référence incontournable pour l'accomplissement des travaux agricoles. Quant à la date 2962, plusieurs versions ont été avancées. Il demeure toutefois admis selon une version plus plausible, retenue comme base de datation berbère actuelle, que nos ancêtres Amazighs ont commencé à compter 950 ans avant Jésus Christ, date de la victoire du Roi Amazigh SHESHONK (Cacneq) sur les Pharaons (période de Ramsès III). Sheshonk devint Pharaon d'Egypte où sa dynastie régna quatre siècles. C'est à partir de cette date (bataille victorieuse) que les Amazighs ont commencé à avoir leur propre calendrier. Le 13 janvier 2013, ce sera donc l'année amazighe 2963 Il reste toutefois que la mémoire collective et les quelques recherches faites, ne sont pas suffisantes. Pour célébrer Yennayer, les femmes nettoient la maison et l'embellissent. Les enfants cueillent des fleurs et des plantes (basilic) que l'on accroche aux portes pour porter bonheur à toute la maisonnée. Les hommes recouvrent aussi avec de l'herbe fraîche la litière des animaux. C'est aussi l'occasion de faire aux tout jeunes enfants leur première coupe (Takiot : petite mèche de cheveux qui pend sur le côté) et à qui on chante «Que tes cheveux poussent drus et forts comme l'herbe de Yennayer». Les femmes comme les hommes mettent leurs plus beaux habits et partagent leurs joies avec les parents et les voisins .On se souhaite «Asggwas Ighudan» ou «Asggwas Amggaz» (bonne année) à Nador, Azrou, Goulmima, Marrakech, Agadir, Tiznit, mais aussi à Bejaîa, à Tizi Ouzou (Kabylie), à Tasili, Tamanraset (Touaregs), Jadou, Lalout (Libye)... Ce premier mois de l'année est aussi un mois où la population laisse libre cours à ses pratiques ancestrales. Par exemple, on met un grand roseau (aghanim) au milieu des jardins pour que les récoltes deviennent aussi hautes, on accroche une feuille de basilic dans ses cheveux... L'aliment consommé le plus pendant cette période est la viande de poulet. L'animal est égorgé sur le seuil de la porte pour préserver la maison et ses habitants des influences malignes que le passage d'une période à une autre exacerbe. Le poulet sert à préparer le couscous de Yennayer, composé de légumes, d'œufs et de dattes. Autres aliments symboliques consommés lors de cette fête : Berkoukès ou Tagoula, soupe consistante à la farine d'orge assaisonnée au miel et à l'huile d'argan, gâteaux au miel et bol d'Amlou (compote d'amande à l'huile d'argan et miel). Bien que Yennayer soit largement fêté dans toute l'Afrique du nord depuis plusieurs siècles, aussi bien par les amazighophones que par les arabophones, il n'est toujours pas institutionnalisé comme le 1er Janvier ou le 1er Moharrem. Parmi les revendications du mouvement identitaire et culturel amazigh figure donc l'officialisation du jour de l'an amazigh, jour férié, chômé, payé et célébré. Yennayer, une fête nationale légale ? Pas encore. Pas cette année en tout cas. Si les pays du grand Maghreb célèbrent le 1er janvier, le nouvel an (dit universel) et Fatih mouharam du calendrier hégirien, yennayer, fête du terroir par excellence, célébrée régulièrement dans toute l'Afrique du Nord depuis des millénaires, demeure frappée d'ostracisme. Les pratiques, les coutumes et les vœux d'abondance célébrés et honorés pourtant, en cette contrée, depuis la haute antiquité, n'ont toujours pas voix au chapitre... officiel. Cette fête est nationale et nord-africaine : yennayer n'est pas circonscrit à une seule région ou une seule communauté, c'est une fête profondément populaire. Beaucoup de gens qui la célèbrent n'en connaissent ni les origines lointaines, ni le sens malgré qu'elle soit fêtée dans toutes les maisons par tous, amazighophones ou arabophones. Le premier jour de l'année 2963, sera célébré le dimanche 13 janvier 2013. Comme chaque année, de grandes fêtes seront organisées par des associations sur tout le territoire marocain pour marquer cette date : Nador, Hoceima, Meknès, Khénifra, Ouarzazate, Marrakech, Rabat, Casablanca, Agadir, Tiznit... Chaque année de plus en plus d'activités partout. On chante, on danse, on mange de bons plats (tagoula, couscous, trid au poulet). Ce sera l'occasion aussi pour le mouvement amazigh de refaire le point. La langue amazighe longtemps marginalisée a été enfin réhabilitée par la nouvelle constitution marocaine et elle le sera sans aucun doute dans la future constitution libyenne aussi. Mais la mise en œuvre par contre tarde à venir, la loi organique qui doit l'organiser n'a pas encore vu le jour. Il faut aussi rappeler que bien que la langue amazighe soit devenue officielle au niveau de la constitution, la reconnaissance de l'amazighité du Maroc ne pourra se faire réellement que lorsque la culture et l'histoire amazighes auront été réhabilitées également dans leur totalité. La traduction de yennayer sur le plan légal, pour qu'il soit consacré comme fête nationale, fait partie de cette reconnaissance. Chaque année, le même appel est renouvelé par les militants amazighs en direction des décideurs, pour qu'ils franchissent ce cap. Le Maroc ne pourra prendre acte de son histoire, de sa diversité et de ses racines profondes sans avoir aussi reconnu cette journée comme étant nationale et fériée.