Yennayer, fête nationale et férié C'est désormais une tradition annuelle. Chaque année, le tissu associatif, les militants et les acteurs amazighs revendiquent le 13 janvier Yennayer, nouvel an amazigh, comme fête nationale et jour férié. Un jour certes festif, mais surtout une occasion clé de l'année pour faire le point sur certaines questions d'actualité qui concernent l'amazigh sur les plans législatif, culturel, médiatique et associatif. «Auparavant, seuls les élus locaux portaient un intérêt à cette question. Les municipalités et les communes locales finançaient les festivités du jour de l'an amazigh. Cette année, il y a aussi les parlementaires qui ont signé un mémorandum qu'ils ont adressé au Chef du gouvernement pour revendiquer cette fête comme fête nationale et jour férié. Il y a également des organisations de la société civile qui ont adressé leurs mémorandums au cabinet royal», nous explique Ahmed Assid, président de l'Observatoire amazigh pour les droits et libertés. Contacté par Al Bayane, le militant associatif tire à boulets rouges sur le bilan de l'amazigh en 2968 qu'il estime «très négatif» parce que, selon lui, depuis 2012, tous les secteurs ont gelé le processus d'institutionnalisation de l'amazigh. «L'enseignement, les médias… partout, ils ont arrêté le processus d'institutionnalisation en attendant la loi organique, c'est-à-dire que cette loi est devenue comme un prétexte pour ne rien faire», indique-t-il. Selon lui, l'amazigh a reculé dans le domaine de l'enseignement. Ce que beaucoup d'associations et de militants ont dénoncé lors de la rentrée scolaire. «On n'a plus le nombre d'enseignants qu'on avait auparavant. Pire encore, on les oblige à enseigner la langue arabe ou française», ajoute-t-il. Pour ce qui est des médias, Assid souligne une régression au niveau de la présence de l'amazigh dans le champ médiatique national. «Les chaines de télévision et les radios ont reculé parce qu'elles ne produisent plus la même quantité et le nombre d'émissions depuis 2006. En contrepartie, la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) ne fait rien face à cette situation. Nous avons adressé des plaintes à cet établissement, mais il ne réagit pas. Aucune punition envers ces chaines et ces radios qui ne respectent pas la loi de la HACA qui exige aux médias de respecter la diversité culturelle et linguistique du pays. A titre d'exemple, certaines radios qui ne produisaient qu'une seule émission en amazighe, l'ont arrêtée, il y a deux ans. Ce qui est anormal ; il faut aller de l'avant au lieu de reculer », fait-il savoir. Ahmed Arehmouch déplore le recul en matière de promotion de la langue amazighe. «Plus de 25 ans de militantisme pour la reconnaissance de l'an amazigh comme fête nationale, mais il n'y a plus rien malgré les revendications du tissu associatif et des acteurs amazighs», commente Ahmed Arehmouch, coordinateur de la Fédération nationale des associations amazighes (FNAA), sur la reconnaissance de Yennayer comme fête nationale et jour férié. Pour Arehmouch, malgré que le Maroc soit le premier à officialiser l'amazigh dans la constitution, les politiques publiques du gouvernement dans la limite de ses compétences n'ont pas tranché avec ce sentiment d'hésitation sur ce sujet pour reconnaitre cette composante de l'identité nationale. Pour le président du Réseau Amazigh pour la Citoyenneté Azetta, Abdellah Badou, cette revendication sur le nouvel an amazigh «est l'une des recommandations historiques du mouvement amazigh vue sa portée symbolique ancrée dans l'Histoire du Maroc». A quand le déblocage? Le coordinateur FNAA garde de l'espoir pour dénouer cette situation. «Nous gardons toujours de l'espoir en cette année de 2969 pour en finir avec ce recul et ce blocage», conclut-il. Les députés sont invités à accélérer la cadence pour adopter les textes de loi et se concentrer sur des deux projets de loi organique concernant l'officialisation de l'amazigh.