Au Maroc, en Algérie, en Libye et en Tunisie, les Imazighen revendiquent une plus large reconnaissance identitaire et culturelle. Outre la petite communauté de Siwa, dans l'extrême ouest de l'Egypte, les Berbères se retrouvent dans leur écrasante majorité au Maghreb – Maroc, Algérie, Tunisie et Libye –, où ces populations autochtones revendiquent une plus large reconnaissance identitaire et culturelle. Les Berbères, dont la présence est antérieure à l'arabisation et à l'islamisation, se nomment eux-mêmes «Imazighen», pluriel d'«Amazigh», qui signifie «homme libre» dans leur langue, le tamazight. Voici un tour d'horizon. Maroc Au Maroc, pays du Maghreb qui compte le plus de Berbères, de nombreuses voix réclament davantage de droits, comme rendre férié le Nouvel An amazigh (Yennayer), chaque 13 janvier. D'après un recensement de 2014, plus d'un quart (26,7 %) des 35 millions de Marocains utilisent l'un des trois principaux dialectes berbères du pays (le tarifit, le tamazight et le tachelit). Aussi, pour plaider leur cause, les militants s'appuient sur la reconnaissance par la Constitution de 2011 de leur langue comme idiome officiel au côté de l'arabe. Il aura toutefois fallu attendre 2019 pour que la loi organique soit adoptée. D'après ce texte, elle sera utilisée dans les documents administratifs et son enseignement progressivement généralisé d'ici à quinze ans. En attendant, l'une des conséquences les plus notables a été l'apparition de l'alphabet tifinagh sur les bâtiments publics, en plus de l'arabe et du français. Depuis 2010, une chaîne de la télévision publique marocaine, Tamazight TV, est en outre consacrée à la promotion de la culture amazighe. L'administration accepte majoritairement d'inscrire des prénoms berbères dans les registres de l'Etat civil. Algérie Le pays compte quelque 10 millions de berbérophones, soit environ un quart de la population. Majoritairement concentrés en Kabylie (est d'Alger), les Berbères sont aussi présents dans le centre, l'est et le grand sud. Comme au Maroc voisin, ils luttent de longue date sur des revendications identitaires, longtemps niées par l'Etat qui s'est construit autour de l'arabité. Après quelques avancées – reconnaissance du tamazight comme deuxième langue officielle en 2016, Nouvel An berbère décrété jour férié en 2018 –, ils ont été en 2019 l'une des cibles de la répression contre le mouvement antirégime Hirak. Plusieurs dizaines de manifestants ont été condamnés à de la prison pour avoir brandi le drapeau amazigh, banni des cortèges par l'armée. Libye Persécutés sous Mouammar Kadhafi qui niait leur existence, les Amazighs réclament le «droit» à l'officialisation de leur langue, au même titre que l'arabe, et à une représentation équitable au Parlement. Ils représentent environ 10 % de la population et vivent notamment dans les montagnes à l'ouest de Tripoli ou dans le sud désertique. Depuis la chute de Kadhafi en 2011, leurs revendications sont de plus en plus pressantes. Le drapeau amazigh flotte sur les bâtiments publics au côté du drapeau libyen, et souvent seul dans leurs régions d'origine. Des manuels scolaires en langue amazighe ont vu le jour, même s'ils ne sont pas homologués par le ministère de l'éducation du GNA gouvernement internationalement reconnu). Dans un projet de Constitution entériné au Parlement mais resté sans suite à ce jour, les langues parlées par les différentes communautés, le tamazight notamment, sont reconnues comme faisant partie du patrimoine libyen. Mais l'arabe reste seule langue officielle. Tunisie En Tunisie, le poids démographique des Amazighs est méconnu, les statistiques par ethnie ou langue étant interdites. Outre les zones du sud, la majorité réside à Tunis. Les Berbères dénoncent un déni de leurs spécificités culturelles de la part d'un Etat qui s'identifie dans sa Constitution comme étant de langue arabe et de religion musulmane. Selon le président de l'Association tunisienne de la culture amazigh (ATCA), Jalloul Ghaki, si 50 % des Tunisiens ont une origine berbère, moins d'un pour cent parle le dialecte (chelha). La majorité des militants souhaitent «des réformes à petits pas», afin que «le peuple tunisien reconnaisse la culture amazighe comme une part de l'identité tunisienne». Depuis la révolution de 2011, les médias et la société civile se montrent plus ouverts. Le ministre des droits de l'homme avait marqué Yennayer en 2017 en souhaitant une bonne année à ses concitoyens berbères.