La crise économique qui frappe l'Algérie commence à se faire ressentir dans les camps de Tindouf. La direction du Polisario n'est plus en mesure de subvenir aux revendications de la population les plus élémentaires. Des habitants qui en ont ras le bol des promesses non-tenues comptent se tourner vers la Minurso pour demander une assistance alimentaire. La direction du Polisario a dû mal à gérer convenablement «ses territoires libérés». «M'hairiz» en est le parfait exemple. Dans cette localité située dans la zone tampon, résident 1200 familles sahraouies. Complètement oubliées par les amis de Mohamed Abdelaziz à Rabouni, elles menacent de demander le 2 août une aide à la délégation de la Minurso qui se trouve près de Tifarity. C'est leur ultime carte à jouer pour contraindre le Front à examiner les principales revendications de la population. Celle-ci s'est plainte dans plusieurs messages adressés à la direction de la flambée des prix des bonbonnes de gaz, de la pénurie des carburants et des produits alimentaires de première nécessité. Elle réclame aussi leur part des aides internationales et un ravitaillement gratuit de citernes d'eaux potables. Promesses non-tenues Lors de son 13ème congrès de septembre 2011, le Polisario avait encouragé des Sahraouis, souvent des démunis, à quitter les camps de Tindouf et de s'installer dans «ses territoires libérés» avec une promesse officielle de leur apporter une aide. Quatre ans plus tard, l'appel de 1200 familles de "M'hairiz" apporte un sérieux démenti à la propagande polisarienne. Il révèle les dures conditions de vie dans les huit localités situées dans la zone tampon. «Cette menace de porter l'affaire devant la Minurso était tout à fait prévisible. Depuis deux mois le Polisario n'a pu résoudre les problèmes quotidiens des habitants des camps, notamment l'accès à l'eau en cette forte canicule. Le Ramadan a constitué un moment de trêve pour les responsables. D'autant que le jeûne en été et les mouvements de protestation ne vont pas de pair à Lahmada», nous confie une source à Laâyoune. Cette mobilisation de la population pour défendre son droit à une vie meilleure s'est poursuivie via une lettre adressée à Mohamed Abdelaziz par les familles de centaine de Sahraouis disparus dans les prisons d' «Arrachid», «Aâdhim Errih» et «Dhaibia». Ils réclament le jugement des tortionnaires dont certains occupent aujourd'hui de haut postes de responsabilité au sein du Polisario.