Les évènements dramatiques qui ont touché la France la semaine dernière ont de nouveau mis l'accent sur l'ampleur que prend la radicalisation islamiste. Les responsables musulmans vont se réunir mercredi pour définir une stratégie de lutte contre ce phénomène qui porte atteinte à l'image de toute la communauté dans l'Hexagone. La journée de mercredi est très importante pour les responsables musulmans en France. Ils ont décidé de mettre de côté leurs différends pour se retrouver au siège du Conseil français du culte musulman (CFCM) afin de définir une stratégie de lutte contre la radicalisation de certains membres de la communauté, surtout les jeunes. «Le CFCM est très conscient des risques et des enjeux actuels, il s'agit pour nous de prendre les choses à bras-le-corps», a déclaré au Figaro Anouar Kbibech, vice-président de cette instance. Depuis les tueries de la semaine dernière à Paris qui ont coûté la mort à 17 personnes dont les caricaturistes de Charlie Hebdo, les responsables musulmans communiquent énormément, appelant à éviter les amalgames entre islam et terrorisme. Et le prêche des imams de France lors de la prière de vendredi, orienté anti-terrorisme et tolérance, avait été décidé pour démontrer que les mouvements extrémistes actuels n'ont rien à voir avec la religion, tel que vigoureusement défendu par les musulmans depuis le drame. Sensibiliser les jeunes via internet Les responsables du culte musulman ont déjà déterminé plusieurs mesures qu'ils entendent mettre en place pour contrer la radicalisation. Cela passera par la finalisation de la mise sur pied de l'Association de prévention de la violence et du radicalisme (Apur), entamée en juillet dernier. Elle aura pour rôle d'encourager et de coordonner toutes les actions de prévention contre le radicalisme musulman dans les mosquées et avec toutes les associations qui leurs sont proches. Par ailleurs, le vice-président du CFCM souhaite «un vrai plan de lutte contre la radicalisation» qui sera mis en place par une plus grande représentation des musulmans de France. Un colloque y afférent sera lancé en mars ou avril prochain. L'événement réunira toutes les autorités religieuses musulmanes de l'Hexagone, ainsi que tous les spécialistes et experts en islam. Les leaders de l'islam en France entendent également développer des moyens de communication efficaces sur internet, afin de détourner l'attention des jeunes vis-à-vis des cellules de recrutement. «Pourquoi, Daech arrive à toucher et à séduire ces jeunes par ses sites de recrutement et de propagande ?», s'interroge Anouar Kbibech qui annonce également le lancement d'un «numéro vert» pour signaler les dérives islamistes dans le but d'aider les familles confrontées à la radicalisation des leurs. «Faire en sorte que nos adolescents ne soient pas attirés par les interprétations les plus radicales des piliers de l'islam est capital», insiste le recteur de la mosquée Othmane à Villeurbane, Azzedine Gaci, interrogé par le Parisien. A cette problématique, le président des Imams de France et imam de Villeneuve-d'Asq, Ahmed Miktar, propose que la France créé une loi pour contrer les dérives sur le net. Former les imams et aumôniers à détecter les dérives radicales chez les fidèles et les prisonniers En outre, une formation continue des imams et des aumôniers de prison est envisagée. Elle vise à les outiller pour l'identification et le traitement en amont des dérives radicales chez les fidèles et les prisonniers. Pour M. Miktar, cette mesure est d'autant plus urgente que de nombreux imams «sont eux-mêmes visés nommément par les radicaux sur Internet. Ils le sont ainsi deux fois, par les racistes et les intégristes». Certains d'entre eux aurait même demandé une protection. Dans le cadre de la lutte contre la radicalisation, les responsables musulmans veulent également que le France octroie un statut officiel aux imams qui sont souvent «déclarés en tant qu'animateur associatif», comme le confie le président des imams.