Depuis quelques mois, une nouvelle formation est dispensée aux imams de France. Celle-ci, subventionnée par l'Etat français, vise en premier lieu à prévenir la radicalisions des fidèles dans le pays. Une première promotion de diplômés avait déjà été saluée en octobre dernier, par Manuel Valls. Aujourd'hui, les nouveaux élèves veulent apprendre à faire face aux défis actuels liés à l'extrémisme dans l'islam. A Lyon, des imams très spéciaux sont formés depuis quelques mois à faire face au radicalisme musulman. La formation en question est dispensée dans un local loué par l'institut de formation de la Grande mosquée de la ville, au cœur d'un quartier populaire. Elle est soutenue par l'Université Lyon III et l'Université catholique et subventionnée par l'Etat, explique le journal Le Monde dans un article publié ce jeudi matin. Selon ce dernier, les cours sont dispensés par des figures «incontournables» de l'islam en France, comme Azzedine Gaci, recteur de la mosquée de Villeurbanne, professeur à l'Ecole de chimie et de physique de Lyon. Ce dernier enseigne le droit musulman. Des cours sur l'histoire des religions, les droits des associations et l'histoire de la laïcité figurent également au programme. Un séminaire consacré aux «dérives sectaires et à la déradicalisation» a aussi été prévu fin mai par les formateurs. Mieux comprendre la France «Mes connaissances sur la laïcité étaient plus que floues et j'avais besoin de cette formation pour mieux comprendre la France et les Français car, souvent, les fidèles ne demandent pas seulement un avis religieux», a fait savoir Toufik, imam à la mosquée d'Oullins dans le Rhône, arrivé d'Algérie il y a 6 ans de là. «Avant la formation, je ne comprenais pas pourquoi l'Etat interdisait certaines choses en matière de religion ; maintenant je peux l'expliquer», assure de son coté Mohammed Bah, jeune imam guinéen à Saint-Etienne, cité par la même source. «Même si elle demeure insuffisante pour répondre aux défis actuels, cette formation est nécessaire», plaide Azzedine Gaci. Par défis actuels, le responsable musulman fait référence aux nouvelles mouvances radicales musulmanes, qui recrutent leurs disciples principalement sur internet. «Il faut parfois du courage face à des jeunes qui veulent imposer leur loi. On a l'impression que certains passent d'un extrême à l'autre et qu'une fois dans la religion, ils essayent d'en faire toujours plus. Du coup, quand on essaye de tenir des positions modérées, ils nous traitent de vendus», raconte Toufik. «Il ne faut pas céder» «On se retrouve face à des gens qui ne sont pas formés, ni sur la religion, ni sur la loi française», confirme Hacène Kharchaoui, agent funéraire musulman à Lyon, engagé auprès de la Grande mosquée de la ville. «En quête d'un leader, ils prennent des informations tous azimuts, à nous de les aider à faire le tri, de leur expliquer les textes», poursuit-il. «Ici, on donne aux cadres musulmans des réponses théologiques pour qu'ils ne soient pas désarmés face à des jeunes plus identitaires que religieux ; ils peuvent avoir un rôle de prévention», explique pour sa part Hacène Taïbi, chargé de l'enseignement à la mosquée de Lyon. «Il ne faut pas céder», souligne-t-il. En France, comme ailleurs dans le monde, les responsables musulmans doivent souvent faire face à des fidèles extrémistes dans leur raisonnement. «Confrontés à des situations concrètes, les responsables musulmans de France ne doivent pas répondre n'importe quoi», précise le recteur Gaci. On leur rappelle que le droit musulman demande de tenir compte du contexte où l'on vit. Et qu'en conséquence, une fatwa (un avis religieux) ne peut être ni importée ni exportée. Face à un discours religieux, il faut répondre sur le terrain religieux», poursuit-il. Voter n'est pas haram «Tout ce qui n'est pas interdit par un texte est permis. Il faut rappeler cela aux jeunes qui se disent à cheval sur le licite (halal) et l'illicite (haram)», explique-t-il à ses étudiants. «Ainsi, aucun texte n'interdit de participer à une élection. Voter est donc permis», lance-t-il, en référence à certains courants radicaux qui assurent que participer à une élection dans un pays non musulman était «haram». «Certains fidèles contestent même les visites que l'on organise pour les non-musulmans à la mosquée», déplore Youssef Afif, collègue de l'imam Bah à Saint-Etienne. Face à ces derniers, le responsable musulman est catégorique. «On leur rappelle que le prophète recevait des chrétiens et des juifs. Les plus radicaux, on ne les revoit plus à la mosquée».