Alors qu'un nouveau mariage s'apprête à être célébré entre deux Françaises musulmanes, samedi, à Paris, les institutions musulmanes officielles s'opposent unanimement à la loi sur le mariage homosexuel. Etudiées dans le détail, leurs positions sont toutefois légèrement différentes. Demain, samedi 17 novembre, sera célébré un nouveau mariage entre deux femmes musulmanes, à Paris, au centre gay et lesbien de la capitale, par Ani Zonneveld, femme et imam de la mosquée de Los Angeles, en Californie, rapporte Métro France. «Les futures mariées sont deux Françaises de confession musulmane. Elles ont décidé de se marier après une longue réflexion», raconte Mohamed Ludovic Zahed, fondateur de l'association Homosexuels musulmans de France (H2M) et initiateur de la première mosquée inclusive de France. Un mariage loin des institutions musulmanes officielles françaises. «Ce sont des institutions non démocratiques et non représentatives, explique Mohamed Zahed, dès qu'il est question d'homosexualité, il est difficile de travailler avec les autorités musulmanes.» Dans un communiqué récent, «le CFCM a rappelé que les règles religieuses s'effaçaient devant la loi, c'est la moindre des choses, j'irais plus loin : ça ne les regarde pas», estime-t-il. Loin de se taire, les institutions musulmanes se sont, comme tous les cultes, prononcées sur le mariage homosexuel, dans le cadre du débat sur le projet de loi du mariage pour tous, adopté par le Conseil des ministres, le 7 novembre et soumis au parlement à partir de janvier 2013. Union des Organisation Islamiques de France (UOIF), Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), La Grande mosquée de Paris, mais également la grande mosquée de Lyon s'opposent tous à la loi. CFCM et UOIF d'une même voix Le CFCM et l'UOIF dissocient leur refus du mariage homosexuel de toute forme d'homophobie. «En présentant notre position sur le projet de loi, nous réaffirmons notre condamnation totale de toute forme d'atteinte qui viserait une personne en raison [...] de son orientation sexuelle. Et, à ce titre, nous condamnons fermement tout acte homophobe», insiste le CFCM dans son communiqué. «Nous souhaitons rappeler que l'homophobie est condamnée par tous. Nous la condamnons fermement, mais cette discrimination n'est pas l'objet du débat [...] tout individu a le droit de mener sa vie privée comme il l'entend», rappelle à son tour l'UOIF. Le CFCM prend également soin, dans son communiqué, comme l'a noté Ludovic-Mohamed Zahed, de rappeler la primauté de la loi : «nous devons rajouter que, compte tenu du principe de laïcité [...] nous sommes conscients que les règles et les normes d'une religion ne peuvent être mises en avant pour s'opposer ou se soustraire aux normes et aux règles de la République qui s'appliquent à tous.» Zoophilie Dans leurs argumentaires respectifs UOIF et CFMC repoussent l'idée que l'amour, à lui seul, légitimerait le mariage homosexuel. «La mission du mariage ne peut être réduite à la reconnaissance d'un lien amoureux entre deux personnes ou à leur volonté de vivre ensemble. Sa mission est aussi la fondation d'une famille stable sous la direction des deux époux», estime le CFCM. «Qui pourra délégitimer la zoophilie, la polyandrie, au nom du sacro-saint amour ?», s'alarme l'UOIF dans une association de termes, condamnés, depuis, par Najat Vallaud Belkacem, porte parole du gouvernement, rapporte Têtu. Le CFMC utilise également la peur de ce à quoi pourrait déboucher l'acceptation du mariage homosexuel, mais le fait dans des termes et des associations plus mesurées : «Le débat sur la gestation pour autrui et d'autres questions bioéthiques risquent d'être relancés dans un contexte nouveau», estime-t-il. La Grande mosquée de Paris sans nuance La Grande mosquée de Paris s'est également exprimée sur la question du mariage homosexuel bien qu'on l'ait peu entendu. Le 15 août, Dalil Boubakeur est intervenu sur le plateau du 20H de TF1. Le lendemain, il publie un communiqué lapidaire. Alors que le CFCM et l'UOIF pour justifier leur opposition, en référence aux textes religieux islamiques, ont choisi des passages explicitant la référence à l'homme et à la femme dans le couple, la Grande mosquée fait directement référence au verset du Coran évoquant le peuple de Lot : «Comment pouvez vous accomplir l'acte charnel de ce monde en délaissant les épouses que notre seigneur a créé pour vous. En vérité, vous êtes des transgresseurs». Sans chercher à distinguer, comme l'ont fait l'UOIF et le CFCM, homophobie et opposition au mariage homosexuel, il tranche, sans nuance : «De ce fait l'Islam, la loi musulmane (Shari'a) condamne et punit les actes d'homosexualité. Quant au mariage homosexuel, il est de ce fait inconcevable et inimaginable du point de vue religieux.» En cela les religions monothéistes se rejoignent. Le recteur de la Grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, se joindra à la «marche solidaire», samedi après midi, place Bellecourt, aux côtés des fidèles catholiques invités par le diocèse de Grenoble-Vienne, indique Le Progrès.fr, voire de certains «Identitaires» et membres de l'extrême droite, ajoute Rue89.