Alors que les élections pour le renouvellement du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) approchent à grands pas, l'instance semble fragilisée de toute part. En mal de légitimité, et jugé peu représentatif par certains de ses membres, le CFCM est-il appelé à disparaître ? Les prochaines élections pour le renouvellement du CFCM et de ses antennes régionales (les CRCM), qui se tiendront les 5 et 19 juin 2011, promettent d'être houleuses. Les divisions internes n'ont cessé de fragiliser l'organe censé représenter tous les musulmans de France. Principal point de discorde, le système de désignation des membres du CFCM et des CRCM, qui sont jugés iniques, par plusieurs membres. Le système électoral actuel est notamment critiqué par le fait qu'il s'agisse d'un scrutin indirect : les délégués élus au niveau de ces institutions, ne sont pas élus par les musulmans eux-mêmes. Ce sont plutôt les associations gestionnaires qui désignent ces délégués. Le système de désignation est également critiqué par le fait que le nombre de délégués est attribué proportionnellement à la superficie des mosquées. Ainsi, 100 m² donnent droit à 1 délégué, pendant que 700 m² donnent droit à 8 délégués, rapporte Saphir News. Plusieurs grandes fédérations, jugeant ce système inique, ont décidé de boycotter les élections depuis plusieurs années. La Grande Mosquée de Paris (GMP) a ainsi boycotté les élections de 2008, et prévoirait d'en faire de même pour les prochaines élections. De même l'Union des Organisations Islamiques de France (UOIF) a annoncé qu'elle ne participerait pas au prochain scrutin. Les deux formations n'entendent participer à un scrutin qu'après la mise en place d'une «réforme électorale profonde», qui devra permettre au CFCM de jouer pleinement son rôle d'organe représentatif. Reporter les élections en vue de permettre une révision des statuts et des règles électorales du CFCM apparaissait alors comme une solution permettant d'éviter une impasse. Il semble cependant que la question divise aussi. Mohammed Moussaoui, président sortant du CFCM, issu du Rassemblement des Musulmans de France (RMF) a récemment plaidé pour le maintien de ces élections. Selon lui, tout report «mettrait l'institution dans l'illégalité». «Le bateau prend l'eau et la fin semble proche», déclarait récemment Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée de Lyon. Il faisait ainsi allusion aux dissensions internes qui agitent le CFCM, à quelques semaines seulement des élections. Lâché par l'Elysée ? Lorsque Kamal Kebtane, envisageait la disparition du CFCM, il constatait également que l'organe était fragilisé par le retrait du soutien de Nicolas Sarkozy. C'est le président français qui avait institutionnalisé et soutenu le CFCM en 2003 alors qu'il était encore ministre de l'Intérieur. La légitimité du CFCM s'en est d'ailleurs vue contestée, d'aucuns estimant que l'institution était davantage un organe politique que religieux. Selon le recteur de la Grande mosquée de Lyon, le chef d'Etat français aurait décidé de retirer son soutien après que le CFCM ait lui, décidé de ne participer à aucun des débats sur l'identité nationale, le voile intégral, ou encore la laïcité, lancés par le gouvernement français. Pas si sûr cependant que le CFCM soit totalement sorti des priorités du gouvernement français, vu que l'actuel ministre de l'intérieur, Claude Guéant, a lui aussi, récemment pris position pour un maintien des élections du CFCM. «La politique du ministère de l'Intérieur, qui est la mienne, est de tout faire pour que cette élection ait lieu même si elle est imparfaite», déclarait alors le ministre français. Pas sûr cependant qu'une telle déclaration rassure ceux qui pensent que l'institutionnalisation du CFCM par Nicolas Sarkozy, était un stratagème de l'UMP pour contrôler l'islam en France…