Pour Maurice Szafran, directeur de la publication de l'hebdomadaire Marianne, Nicolas Sarkozy est «un voyou de la République» et pour Edwig Plenel, ancien directeur de la rédaction du quotidien le Monde et fondateur du portail d'informations en ligne Mediapart, l'ex pensionnaire de la Place Beauvau est, ni plus ni moins, «qu'un délinquant constitutionnel». Drôle de climat ! Qui menace les MRE ? Quant aux porte-flingues de Nicolas Sarkozy, on peut citer dans le désordre Nadine Morano, Brice Hortefeux, Xavier Bertrand ou encore Christian Estrosi, ils n'ont cesse de tirer à boulets rouges sur des leaders d'opinions qui ont pignon sur rue. C'est dire que le navire tangue et que le capitaine a dû mal à garder le cap. Un cap dont l'horizon reste flou. Que cherche Nicolas Sarkozy ? Est-il profondément intolérant, raciste, xénophobe ? Ou tout bonnement populiste ? Est-il un humaniste ? Ou tout simplement un «mafieux» au col blanc ? Tout cela à la fois… En tout état de cause, ses sorties médiatiques, ses actes ou encore ses commandes politiques impactent directement (et indirectement) le pays, perturbent le quotidien des uns et désorientent les autres. Et c'est là que le bat blesse. Faute de pouvoir porter et incarner un projet de société ambitieux, de conduire des politiques publiques «gagnantes», de mener l'hexagone vers un monde meilleur, Nicolas Sarkozy s'en prend à nouveau aux plus «faibles» : les minorités. Avant hier, on faisait la chasse aux «jésuites», hier aux personnes de confession juives. Aujourd'hui, c'est au tour des jeunes issus des quartiers d'être en ligne de mire et de servir de souffre douleur à un homme qui semble prêt à tout pour retrouver un second souffle. On en veut pour preuve la ligne de son discours à Grenoble, vendredi 30 juillet dernier et l'annonce faîte de retirer la nationalité française «à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement portée atteinte à la vie d'un policier, d'un gendarme ou de tout centre dépositaire de l'autorité publique», dixit Nicolas Sarkozy. Un propos qui intervenait suite à des affrontements entre des policiers et des jeunes au sein d'un quartier grenoblois. Il faut savoir qu'actuellement, la déchéance de la nationalité française, prévue dans l'article 15 du Code civil, prévoit que «tout individu qui a acquis la qualité de français peut, par décret et après avis conforme du Conseil d'Etat, être déchu de la nationalité française sauf au cas où la déchéance a pour résultat de le rendre apatride». En clair, cette menace (ne) s'adresse qu'en direction de celles et ceux qui jouissent d'une double nationalité. Comme la quasi-totalité des Français d'origine marocaine qui résident en France (MRE) et qui sont au nombre d'un million de personnes, selon les chiffres officiels. Ce qui en fait la communauté «étrangère» la plus importante en France. Du coup, les saillies de Nicolas Sarkozy et, entre autres, celles du porte parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre - qui a récemment déclaré sur un média qu'il y avait une relation entre délinquance et immigration - ne sont pas pour rendre service à l'ensemble de la communauté française d'origine marocaine. Si, comme l'a répété Nicolas Sarkozy à Grenoble, «la France ne peut pas héberger toute la misère du monde», faisant référence à la fameuse phrase exprimée par Michel Rocard, alors 1er ministre, elle ne doit pas, pour autant, être dirigée par des hommes amnésiques et irresponsables. Personne ne peut faire le deuil de l'histoire. Et surtout pas le président de la République Française. Quel qu'il soit.