Nicolas Sarkozy s'est prononcé lundi sur l'extension de la déchéance de la nationalité, écartant du projet les cas de polygamie. Les nouvelles mesures du gouvernment, dont le projet de déchéance de la nationalité et les mesures concernant les Roms, font l'objet de vives critiques, tant sur la scène internationale que nationale. celine girard (avec agences) Depuis plusieurs mois, le gouvernement français a entamé un virage sécuritaire, provoquant sur la scène internationale de nombreuses condamnations et faisant couler beaucoup d'encre. La politique de Nicolas Sarkozy envers les minorités, dont notamment les Roms, est en effet jugée « xénophobe » par plusieurs associations des droits de l'homme. Tout a commencé avec l'idée du président français de lancer un débat sur l'identité nationale en novembre 2009, pour soi-disant mettre en place « des actions permettant de conforter notre identité nationale, et de réaffirmer les valeurs républicaines et la fierté d'être Français ». Après cette première impulsion, directement liée aux problématiques de l'immigration et des minorités, les mesures et projets sécuritaires du gouvernement se sont succédés. Lors d'un discours prononcé le 30 juillet dernier à Grenoble, le président Nicolas Sarkozy avait affirmé l'idée que « la nationalité française puisse être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un policier, d'un gendarme, ou de toute autre personne dépositaire de l'autorité publique». Bien qu'interrogeant l'article premier de la Constitution francaise qui stipule que « Tous les français sont égaux, quelles que soient leurs origines », le projet de déchéance de la nationalité a pris de l'ampleur. Suite notamment à l'affaire du Nantais d'origine algérienne Lies Hebbadj, Brice Hortefeux a proposé de faire de la « polygamie de fait » et de la fraude aux prestations sociales un motif de déchéance de la nationalité. Le chef de l'Etat a arbitré lundi, écartant la polygamie du projet. La prochaine étape décisive des discussions sur la déchéance de nationalité aura lieu à partir du 27 septembre avec le projet de loi sur l'immigration soumis à l'Assemblée nationale. Outre ce premier projet, le gouvernement a poursuivi son orientation sécuritaire avec des mesures visant les populations Roms, procédant au démantèlement de campements et à plusieurs expulsions depuis fin juillet. Ces mesures sécuritaires du gouvernement ne manquent pas de faire réagir et font l'objet de vives critiques sur le plan national et international. Samedi, à l'appel d'associations, syndicats et partis de gauche, des manifestations ont eu lieu dans toute la France pour protester contre les mesures du gouvernement. Les chiffres font comme de coutume le grand écart, entre les 77.300 personnes au rendez-vous selon la police, et les 100.000 annoncées par les organisateurs. Sur la scène internationale, c'est l'ONU qui avait condamné une première fois, le 12 août dernier, les mesures du gouvernment. Les critiques du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU (CERD) avaient fusé, voyant dans la situation de l'Hexagone un « manque de volonté politique » face à une « recrudescence » des actes racistes. Dans le colimateur onusien, ce sont les mesures de démantèlement des campements de Roms et les expulsions qui ont amené les 18 experts de ce comité à se déclarer le 27 août préocuppé par « la tenue de discours politiques de nature discriminatoire en France ». Le CERD s'est inquiété «de la montée des manifestations et des violences à caractère raciste envers les Roms », jugeant que leur renvoi en Roumanie et Bulgarie avait lieu sans « leur consentement libre, entier et éclairé ». Les experts mettaient en évidence que les mesures prises visaient « un groupe » plutôt que des individus, allant ainsi à l'encontre du droit européen qui interdit les reconduites collectives. Mais, malgré les manifestations et les réactions au niveau européen et international, le gouvernement s'est dit déterminé dimanche à poursuivre sa politique sécuritaire. Le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, et le ministre de l'immigration, Eric Besson, se sont employés à miniminer les manifestations de la veille, tout comme ils l'avaient fait avec les condamnations de l'ONU et le rappel à l'ordre de l'Union Européenne.