Fadela Amara s'est déclarée «contre» l'élargissement des conditions de déchéance de la nationalité tandis que Bernard Kouchner se dit «choqué» par les mesures envisagées. La secrétaire d'Etat chargée de la politique de la Ville Fadela Amara s'est déclarée mardi 31 août sur RTL «contre» l'élargissement des conditions de déchéance de la nationalité envisagé par le gouvernement. Lors de son discours de Grenoble le 30 juillet, le président de la République Nicolas Sarkozy avait fait un lien entre insécurité et immigration et s'était prononcé pour la déchéance de la nationalité pour certains criminels d'origine étrangère, notamment les meurtriers de membres des forces de l'ordre ou de fonctionnaires. Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux avait ensuite annoncé qu'il voulait étendre cette possibilité de déchéance aux faits d'excision ou de polygamie. Fadela Amara a rappelé qu'elle était favorable à la législation actuelle (déchéance de la nationalité en cas de condamnation pour «terrorisme» ou «atteinte à la sûreté de l'Etat», ajoutant : «Je suis contre l'élargissement à toutes les autres formes de crimes». Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, s'est quant a lui dit lundi sur France 5 «choqué» par certains aspects du virage sécuritaire du gouvernement concernant des Français d'origine étrangère. Il répète toutefois qu'il n'y a pas, selon lui, de stigmatisation. Concernant la déchéance de la nationalité française, Bernard Kouchner a déclaré : «J'espère que cela sera réservé (...) pour des occasions absolument exceptionnelles. Je l'espère, je l'espère, je l'espère». Malaise Interrogé sur la distinction faite par le président à propos des Français «d'origine étrangère», Bernard Kouchner a exprimé un certain malaise. «Ce n'est pas la meilleure phrase que j'ai trouvée dans son discours. Pour le reste il n'a stigmatisé personne et d'ailleurs c'est assez vague. Oui je le reconnais cela m'a choqué», a-t-il répondu. Selon Libération, le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a préparé deux amendements législatifs destinés à déchoir de leur nationalité des Français naturalisés et condamnés, en vue d'une Réunion d'arbitrage présidée par Nicolas Sarkozy. Le premier crée un délit alliant «polygamie de fait», «escroquerie» et «abus de faiblesse». Il s'agit de sanctionner des personnes qui, au nom de l'islam et en entretenant des relations avec plusieurs femmes, bénéficieraient frauduleusement de prestations sociales. Pluie de critiques Le second amendement prévoit de retirer la nationalité française «à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte» à la vie d'un policier, d'un gendarme ou de tout autre «dépositaire de l'autorité publique», selon Libération. Il concernerait les étrangers naturalisés depuis moins de dix ans, et condamnés à «une peine d'au moins cinq années d'emprisonnement». Lundi matin, sur RTL, le chef de la diplomatie avait déjà confié son malaise sur les expulsions de Roms menées cet été, affirmant avoir songé à la démission. Le gouvernement français a été vivement mis en cause par la société civile, la gauche, les Eglises pour sa politique de démantèlement des campements de Roms illégaux et les expulsions de centaines d'entre eux en situation irrégulière vers la Roumanie. La France a également été critiquée par l'Onu, et la Commission européenne a exprimé son inquiétude. Ce matin, «je répondais à ma préoccupation des Roms. J'ai dit oui il y a un réflexe moral de démissionner qui serait facile (...) mais ce serait un abandon de poste», a expliqué Bernard Kouchner. «Je soutiens à 100%» la politique menée cet été par le gouvernement, a ajouté le ministre estimant qu'il s'agissait surtout «d'un problème européen