La mauvaise passe que traversent Fadela Amara et son plan «Espoir Banlieues» tombe mal pour Nicolas Sarkozy. Entre Rama Yade, secrétaire d'État aux Sports, surexposée par les polémiques, et Nora Berra, secrétaire d'État aux Personnes âgées, écrasée par l'anonymat, Fadela Amara, secrétaire d'État à la Ville avait la chance de passer entre les mailles du filet. Même s'il lui arrivait de camper une position politiquement incorrecte, le pardon était rapide. Tout plaidait pour elle et concourait à la rendre sympathique. Son passé d'ancienne présidente de «Ni Putes Ni Soumises », son look directement extrait d'une zone d'éducation prioritaire, son parler artificiellement verdoyant d'une banlieue bétonnée. Pour Fadela, cette période de grâce semble définitivement révolue. Il faut dire qu'elle a déjà commencé avec les nombreuses étincelles qu'a provoquées la gestion de son propre cabinet. Fadela Amara règne d'une main électrique sur son petit monde. Plus de cinquante départs depuis deux ans. On la dit sous la mauvaise influence de son gourou, le Marocain Mohamed Abdi. Fadela Amara se défend sur le sujet en clamant qu'elle exige de la qualité et de l'engagement de ses collaborateurs. La disparition du charme se poursuit avec les malheurs que connaît son plan ambitieux «Espoir Banlieues» lancé en grande pompe par Nicolas Sarkozy. Un maigre bilan, une ambition étriquée, un constat catastrophique, tel est le résultat d'ensemble que vient de pointer un rapport de l'Observatoire national des zones urbaines sensibles (ONZUS). L'action de Fadela Amara et du gouvernement de Nicolas Sarkozy ne semble avoir porté aucun fruit. Les ghettos marginalisés et les bombes à retardement sociales sont toujours là. Interpellée sur ses maigres résultats, Fadela Amara, que ses détracteurs qualifient volontiers de «ministère de la parole» et qu'Eric Raoult, député UMP de Seine-Saint-Denis appelle «une chic fille», est montée au créneau pour défendre son bilan. Reconnaître la véracité du constat du rapport de l'ONZUS, c'était mal connaître Fadela Amara, qui, abusant de la méthode Coué, s'est enfermée dans son optimisme acharné. Fadela Amara a choisi pourtant trois grosses ficelles pour affiner son analyse. La première est de rendre siennes certaines conclusions de ce rapport, notamment sur la concentration des efforts sur les zones les plus sensibles. La seconde c'est de pointer sans souvent les nommer les ministères qui montrent de la mauvaise volonté dans leurs engagements dans le plan «Espoir Banlieues». Une griffe sanglante a été adressée à Roselyne Bachelot, ministre de la Santé. La troisième est de continuer à se plaindre et à réclamer davantage de moyens. Ce qui est une constante dans la posture de Fadela Amara depuis sa prise de fonctions. Les plaies de la banlieue sont non seulement une affaire de volonté politique mais aussi une question de moyens financiers. Des voix se sont élevées pour conseiller à Fadela Amara de mettre sa démission dans la balance si elle veut avoir davantage de moyens. C'est Hassan Ben M'Barek, président de «Citoyenneté et démocratie», pour qui le plan «Espoir Banlieues» s'est révélé être une «coquille vide», qui se charge de lui donner ce conseil : «Pour avoir de l'argent, il faut poser un rapport de forces. Comme Fadela Amara n'a pas de troupes, il faudrait qu'elle mette sa démission en jeu. Mais elle ne le fera pas». La mauvaise passe que traversent Fadela Amara et son plan «Espoir Banlieues» tombe mal pour Nicolas Sarkozy. Ces petits déboires et autres déceptions sur la banlieue interviennent à la veille une grande échéance électorale et à un moment où un débat sur l'identité nationale fait rage. L'opposition socialiste n'a pas manqué de se saisir des conclusions du rapport de l'Observatoire national des zones urbaines qui selon elle, montre que le président de la République «se contente de résumer la banlieue à l'insécurité et à la lutte contre l'immigration».