Au Yémen, l'ambassadeur de Paris a sollicité la collaboration du Maroc pour identifier les salafistes français -d'origine marocaine- qui combattent dans les rangs de l'antenne locale d'Al Qaida. C'est ce que vient de révéler un document confidentiel publié sur Twitter. La coopération sécuritaire entre le Maroc et la France demeure à l'abri des aléas politiques. C'est ce que vient de confirmer un nouveau câble, datant du 20 janvier 2014, émanant de l'ambassade du royaume au Yémen, publié sur Twitter par celui qui se fait appeler Chris Coleman. Le document est le résumé d'une réunion entre le chargé d'affaire à l'ambassade marocaine à Sanaa et Frank Gellet, l'ambassadeur français dans ce pays. Les discussions entre les deux diplomates ont porté essentiellement sur l'arrivée d'une «quarantaine de ressortissants marocains qui vivaient à la ville de Damage, au nord du Yémen» dont certains sont naturalisés français. Paris inquiet par le retour des djihadistes du Yémen Gellet s'est montré préoccupé quant à un éventuel retour des salafistes dans l'hexagone sans que ses services de renseignements ne puissent les identifier. C'est ce qui explique, d'ailleurs, sa main tendue au représentant du Maroc en vue d' «établir une coopération entre les deux ambassades pour traiter conjointement ce dossier». Ce souci n'est pas une spécificité française mais il est largement partagé par d'autres pays de l'Union européenne. Le cas de Mehdi Nemmouch est à cet égard encore plus éloquent. L'auteur présumé de l'attaque du musée juif à Bruxelles, en mai dernier, avait fait un passage en Syrie avant d'entrer en France. Gellet a fait part à son interlocuteur marocain des propos que lui a tenu le président yéménite, Abd Rabo Mansour Hadi, lors d'une conversation, sur la nécessité de rapatrier dans leurs pays d'origine les djihadistes qui combattaient contre le mouvement Houti (chiite) au nord. Le chargé d'affaire marocain a répondu favorablement à la requête en soulignant l'engagement de l'ambassade du royaume à travailler sur l'identification des Marocains déplacés de Damage «et de leur apporter, à la mesure du possible, aide et soutien». Rabat a évacué des salafites du Yémen Trois mois après cet entretien, l'ambassade du royaume annonçait le rapatriement d'une vingtaine de salafistes, avec femmes et enfants, installés, depuis plusieurs années au Yémen. Une opération totalement prise en charge par le département d'Anis Birou. Outre les billets, des passeports ont été octroyés au groupe en vue de leur assurer le retour. La majorité d'entre eux s'était en effet débarrassée de leurs pièces d'identité. Il ne s'agissait pas de combattants dans les rangs d'Al Qaida dans la péninsule arabique mais de disciples d'un cheikh local, appelé Yahya El Hajouzi. Ces Marocains suivaient des cours de religion.