L'éclatement de l'affaire Hammouchi a plongé les relations maroco-françaises dans une grave zone de turbulence. Hier, en marge du Forum économique, la capitale tunisienne a abrité des entretiens entre Benkirane et Fabius. Une réunion censée annoncer la fin des tensions, sauf qu'elle risquerait de renvoyer à une date ultérieure la normalisation attendue. Est-ce le début du dégel ? En marge du forum économique de Tunis, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane s'est entretenu, hier, avec le ministre français des Affaires étrangères, Laurant Fabius. A l'exception d'une insignifiante brève dans le JT du soir d'Al Oula, l'information est passée presque inaperçue au royaume. Il en est de même en France. Et pourtant, c'est la première rencontre de haut niveau entre responsables des deux pays après, officiellement, sept mois de tension. Elle se tient, par ailleurs trois jours, après l'appel lancé par le groupe d'amitié maroco-français au Sénat à «surmonter les récentes difficultés». Pourquoi Valls, alors présent à Tunis, n'a pas discuté avec Benkirane ? Outre la faible médiatisation, la rencontre de Tunis, bien qu'importante, suscite des interrogations. Pourquoi Benkirane a pris langue avec Fabius alors que Manuel Vals était présent au forum ? La logique et les règles du protocole veulent qu'un chef de gouvernement discute avec son homologue et non avec un de ses ministres. Cette petite entorse ne serait-elle pas la conséquence de la volonté, déjà exprimée par le premier ministre français, d'être reçu en audience par le roi Mohammed VI. Avant son arrivée au palais de Matignon, il avait en effet adressé au cabinet royal une demande en ce sens. Une demande réitérée, le 30 juillet, depuis l'ambassade du Maroc à Paris à l'occasion d'une cérémonie célébrant la fête du Trône. Il avait alors tenter de forcer la main des Marocains, en annonçant dans un discours, son intention de voyager au royaume dans les prochaines semaines. Le choix du lieu et le timing sont hautement symboliques. Ils traduisaient la volonté de Manuel Valls de tourner, le plus rapidement possible, la page des tensions dans laquelle les relations maroco-françaises sont embourbées depuis près de sept mois, date de l'éclatement de l'affaire Hammouchi. Toutefois, le silence du côté du Palais royal a laissé planer le doute sur une réconciliation rapide. Peut-être est-ce là une autre raison à l'origine du refus de Valls de se réunir avec Benkirane et de dépêcher à sa place son ministre aux Affaires étrangères ?