Victimes de leurs maris à la maison, elles sont aussi souvent victime de la législation française qui ne les autorise à séjourner en France que tant qu'elles sont mariées. C'est la triste situation de nombreuses femmes étrangères. C'est surtout celle de Malika (pseudonyme), une jeune marocaine qui croyait avoir trouvé l'homme parfait. L'histoire de la jeune femme, qui n'a pas souhaité être identifiée, débute comme un conte de fée en 2007. Elle rencontre cette année là au Maroc, un Français qu'elle va épouser au mois d'octobre 2008. Malika voit en son homme le véritable prince charmant, et même s'il a 17 ans de plus, elle est séduite. «Il était gentil. On avait des projets ensemble», déclare-t-elle à Ouest-France. Le couple arrive en France en avril 2009, et très vite, Malika va déchanter. Elle va connaître tour à tour les violences, les humiliations, et même le chantage par moment. Le calvaire durera 7 mois. «J'étais une esclave. Femme de ménage dans la journée, femme la nuit» témoigne encore Malika. N'en pouvant plus, la jeune femme s'enfuit. «Ma dignité a été la plus forte. Je suis partie», confie-t-elle. Elle est recueillie par l'association SOS Femmes, qui l'héberge depuis le mois de novembre 2009. Essayant de reconstruire sa vie depuis cette période, Malika risque de se faire expulser. Rester mariée l'autorisait à rester en France, mais à quel prix ! Ouest-France indique que pour obtenir une carte de séjour de dix ans, il aurait fallu qu'elle soit mariée au moins trois ans. Comme Malika, de nombreuses étrangères établies en France ont le choix entre supporter les violences et obtenir le fameux titre de séjour, ou alors s'enfuir, et risquer l'expulsion, car soupçonnées de mariage de complaisance. Il s'est aussi souvent avéré que les services français de l'immigration soient plus sensibles à la situation juridique de certains immigrés, plutôt qu'aux réalités vécues par ces personnes. A titre d'exemple, en février 2010, Najlae Lhimer, lycéenne marocaine scolarisée en région parisienne, est expulsée sans délais alors qu'elle allait déposer plainte contre son frère qui la battait ; la jeune fille avait auparavant fui le Maroc pour échapper à un mariage arrangé. Le même mois, à Monsempron-Libos (Aquitaine, sud-ouest de la France), Khadija, enceinte de 5 mois de son conjoint Philippe, est menacée d'expulsion car son visa a expiré, et que, selon le tribunal, la jeune femme «ne peut arguer disposer d'une vie privée et familiale stable et intense en France», vu qu'elle n'est pas encore mariée à Philippe. Aucune considération n'est alors prise pour l'enfant qu'elle attend à ce moment. Le statut illégal ne donne-t-il donc pas droit à des droits humains?