Les salafistes au Maghreb ont désormais leur propre enseigne. Un ancien détenu de cette mouvance islamiste serait à l'origine de la création de la Ligue des oulémas du Maghreb arabe. Même si la Turquie est le lieu choisi pour l'annonce de la LOM, sa direction est marocaine. Le vendredi 6 juin à Istanbul en Turquie, une nouvelle enseigne religieuse, largement dominée par les Marocains, a vu le jour. Il s'agit de la «Ligue des Oulémas du Maghreb arabe», présidée par Mohamed Ben Ahmed Zohal, un ancien de la Chabiba Islamiya -une organisation interdite au royaume- avant de rompre le cordon ombilical avec ce mouvement et se consacrer exclusivement à la prédication. Le très controversé cheikh Abou Naïm est parmi ses disciples. Un ancien détenu salafiste marocain à l'origine de l'initiative Parmi les membres fondateurs de la LOM figure notamment Abdelouhad Rifki, alias Abou Hafs, un ancien détenu salafiste, condamné à trente ans de prison pour son implication dans les attentats terroristes du 16 mai 2003 à Casablanca et gracié en février 2012. Actuellement, il est le secrétaire général adjoint du parti Renaissance et vertu. Une formation, née d'une scission avec le PJD en 2005, qui a pour principale mission d'encourager les salafistes à s'engager dans le jeu de la démocratie. Même si Rifki n'occupe aucun poste officiel au sein de la Ligue, des sources que nous avons contactées nous ont confié qu'il serait à l'origine de sa création. La LOM compte également la présence de deux religieux marocains, Hamed M'Souhli Idrissi de Tétouan et Lhoucine El Alami. Seul manque à l'appel, le cheikh salafiste Mohamed El Fizazi. «Pour le moment, sa présence ne sert pas les intérêts du Maroc. Sa proximité avec le Palais et ses positions anti-algériennes auraient découragé les religieux algériens de signer l'acte de naissance de la Ligue», explique les mêmes sources. Peu d'intérêt de la part de la presse algérienne Le président de la Ligue des oulémas du Maghreb arabe a deux adjoints : le Tunisien Nader Senoussi et le Libyen Hassan Abbas. Le secrétariat général est composé de cinq membres, deux Marocains, deux Algériens et un Mauritanien. Au-delà de la bonne parole prêchée dans le communiqué annonçant la création de la Ligue, on peut y voir clairement la volonté du royaume d'organiser les salafistes de la région maghrébine. Ce qui explique, d'ailleurs, le peu d'intérêt qu'a accordé la presse algérienne à cette nouvelle, puisque seul le quotidien Echourouk lui a consacré un article. Mais il est fort probable qu'Alger réplique à cette nouvelle organisation dans les prochaines semaines.