Les salafistes marocains s'inscrivent en faux contre la fatwa d'oulémas sunnites appelant au jihad en Syrie. Après Mohamed El Fizazi, c'est au tour d'Omar El Haddouchi d'y déclarer son opposition. Nouvelle fatwa du salafiste, Omar El Haddouchi. Cette fois, le cheikh gracié en février 2012, a choisi de traiter du sujet de la guerre en Syrie. Dans un message vidéo, diffusé sur le site alfadilat.com, dirigé par son ami et salafiste Hassan El Kettani, il s'est dit contre l'envoi de combattants marocains sur ce front, arguant que l'équilibre de la famille pâtit énormément du départ du père au «jihad» en Syrie. Une position qui a suscité une levée de bouclier chez certains jeunes islamistes radicaux qui n'ont pas hésité à déclarer El Haddouchi apostat. Un "verdict" qui n'a point ébranlé les convictions du salafiste. El Haddouchi sur les traces d'El Fizazi Au lendemain de l'appel d'un congrès d'oulémas sunnites, tenu au Caire en juin dernier, à la «guerre sainte» en Syrie, le salafiste Mohamed El Fizazi avait décidé de prendre ses distances. L'actuel imam d'une mosquée à Tanger a expliqué que le peuple syrien n'a pas besoins de nouveaux combattants mais d'armes, d'avions et beaucoup d'argents pour faire face aux troupes de Bachar Al Assad. «Il n'est pas dans l'intérêt des jeunes de rejoindre le jihad en Syrie. Et il n'est pas dans l'intérêt de la jeunesse enthousiasmée de partir sur les fronts de combats pour, ensuite, être tuer. La sagesse nous interdit de faciliter à nos ennemis d'assassiner nos enfants», affirmait El Fizazi lors d'une intervention publique, justement aux côtés de Hassan El Kettani et Omar El Haddouchi. La Syrie séduit les jeunes jihadistes Faisant fi de ces fatwas hostiles à la participation à la guerre en Syrie, le flux des jeunes qui prennent le chemin vers ce front, via la Turquie, ne s'arrête pas. D'autant que les Marocains ont, depuis août dernier, leur propre milice (Mouvement Sham islamique) dirigée par Ibrahim Benchekroun, un ancien détenu de Guantanamo, libéré en 2004. Par ailleurs, des statistiques font état de la mort d'une vingtaine de Marocains dans ces combats. Les jeunes MRE sont, également, tenté par un départ vers la Syrie. En Belgique, le nombre des Belges d'origine marocaine partis vers la Syrie inquiète les autorités locales. Les sanctions des municipalités d'Anvers et de Vilvoorde privant 29 bénéficiaires de prestations sociales n'ont pas réussi à freiner la progression du phénomène. En France et aux Pays-Bas, la guerre en Syrie séduit aussi. C'est le même constat qui avait été observé durant les premières années de l'invasion américaine de l'Irak.