Les salafistes s'attendent à un geste de la part de Mohammed VI pour que leurs «frères» détenus recouvrent leur lierté. Ils ont récemment multiplié les actes d'allégeance au souverain pour sa clémence. Mohamed Fizazi espère une grâce royale à l'approche de la commémoration des attentats du 16 mai 2003 à Casablanca. Des mesures de grâces royales seraient-elles en cours de préparation au profit de certains détenus salafistes ? Le cheikh Mohamed Fizazi y croit, au point d'annoncer à ses fidèles de «bonnes nouvelles» dans les jours à venir. Depuis qu'il a conduit une prière du vendredi devant le roi, le cheikh est convaincu que ce n'était pas le fruit d'un simple hasard mais le prélude à une réconciliation de l'Etat avec le courant salafiste. De son côté, Abdelouahab Rifki, gracié en février 2012, qui assure aujourd'hui la fonction de vice-secrétaire général du parti de la Renaissance et la Vertu, a demandé au roi Mohammed VI à l'occasion de la tenue du congrès régional du PRV, dimanche 4 mai à Casablanca, d'intervenir pour la libération des salafistes encore en prison. Une nouvelle lettre au monarque A ces deux informations vient s'ajouter une lettre destinée au roi par des islamistes incarcérés à la prison d'Oukacha à Casablanca. Le texte sollicite du «commandeur des croyants de sauver ce qui peut être sauvé des affres de la prison». Un message fort des détenus par lequel ils expriment publiquement leur reconnaissance de l'autorité religieuse du souverain. Un acte d'allégeance qui devrait rassurer les dernières poches opposées, depuis des années, à leur mise en liberté. Il est utile de signaler qu' Al Adl Wal Ihsane n'a pas encore reconnu au roi son statut de commandeur des croyants. Indéniablement, sur cette question, les salafistes viennent de marquer un point. Les salafistes pour contrebalancer l'influence du PJD Dans le contexte actuel, les salafistes présentent l'atout d'une force de neutralisation de l'influence du PJD. Le makhzen a besoin d'eux lors des prochains scrutins électoraux, sachant qu'ils ont plusieurs cartes en main : ils ont l'avantage du nombre ; ils vouent une obéissance totale à leurs chioukhs, tels Fizazi et Maghraoui ; et à l'exception de quelques groupes radicaux prônant un changement de régime par la force, la majorité opte pour la modération. Sans oublier qu'entre eux et les frères de Benkirane, les relations ne sont pas au beau fixe. De son côté, le makhzen s'est bien préparé à une telle échéance, il a déjà béni l'intégration d'anciens détenus salafistes au sein de la direction du parti de la Renaissance et la Vertu. Une enseigne politique appelée à jouer le rôle de réceptacle de presque tous les salafistes. Pour asseoir sa popularité auprès de son principal lectorat, il ne lui manque qu'une grâce royale au profit des détenus islamistes.