Pour quel parti voteront les salafistes ? En attendant la création de leur propre enseigne politique, ces islamistes d'un autre genre sont partagés entre le PJD et Annahda. À deux jours des législatives anticipées du 25 novembre, les salafistes marocains comptent répondre présent à ce rendez-vous avec les urnes. « Nous sommes partisans d'une forte participation à ce scrutin », annonce Mohamed El Fizazi, une des icônes de ce mouvement. Mais quel est le parti qui séduit le plus ces islamistes d'un autre type ? « La réponse est simple : je pense que le vote salafiste sera exclusivement partagé entre le PJD et Annahda. Moi-même je me trouve dans la même situation. Une autre option relève de l'impossible », soutient le cheikh. Toutefois, les chances de la Lampe de séduire les amis d'El Fizazi sont plus forts. « Nombreux sont les salafistes qui voient d'un mauvais œil l'alliance d'Annahda avec le RNI de Mezouar. Je crois que les récentes déclarations de ce dernier n'encouragent pas les salafistes à voter pour la formation de Mohamed Khalidi ».Le vote salafiste sera-t-il un facteur déterminant lors de ces législatives du 25 novembre ? « Je pense que le vote salafiste sera exclusivement partagé entre le PJD et Annahda. Moi-même je me trouve dans la même situation. Une autre option relève de l'impossible ». Mohamed El Fizazi. Des salafistes light aux plus radicaux « Quantitativement, ils sont nombreux. Mais de là à peser sur l'issue des résultats du scrutin du 25 novembre, c'est une autre paire de manche. Les salafistes sont loin de jouer la même partition », constate Driss El Ganbouri, spécialiste des mouvements islamistes. « Il y a les radicaux, qui ne reconnaissent ni l'Etat ni la commanderie des croyants, et qui ne partagent pas les mêmes convictions que Mohamed Maghraoui, ni celles de Mohamed El Fizazi sur la participation à ces législatives. Ces extrémistes ont des idées qui se rapprochent de celles des détenus salafistes accusés de terrorisme », explique-t-il. Conscients de leur nombre, les salafistes sont sur le point de succomber à la tentation de créer un parti politique. Dans des déclarations au Soir échos, Mohamed El Fizazi assure qu'il a « entrepris les premières démarches pour la concrétisation de cet objectif. Pour ce faire, nous avons tenu des réunions avec plusieurs personnes. L'annonce officielle de la formation de notre parti est proche ». À la question de savoir s'il a pris langue, d'une manière officieuse, avec des responsables au sein du ministère de l'Intérieur, El Fizazi évite, dans un premier temps, de donner une réponse précise, avant de souligner : « Notre initiative est conforme à l'esprit de la nouvelle Constitution ». La perspective de l'émergence d'autres partis islamistes sur l'échiquier politique national est-elle donc juste une question de temps ? « Nous ne serons pas une formation islamiste, mais plutôt politique. Pour nous, il n'y a pas de frontière entre la religion et la politique », soutient El Fizazi. « Il y a les radicaux, qui ne reconnaissent ni l'Etat ni la commanderie des croyants et qui ne partagent pas les mêmes convictions que Mohamed El Fizazi ». Driss El Ganbouri, spécialiste des mouvements islamistes Une enseigne politique exclusivement salafiste Par ailleurs, ce projet n'anime pas uniquement Mohamed El Fizazi, car un autre salafiste, Khalid El Ghazali, un ex-détenu, récemment libéré, a également la même ambition. Sur le modèle du parti égyptien Annour, qui a vu le jour après la chute du régime de Moubarak, il compte lancer une enseigne politique exclusivement salafiste. Ces chances de réaliser son rêve sont minimes. « une formation salafiste ne peut être dirigée que par Mohamed El Fizazi », estime El Ganbouri. Et pour cause, l'homme compte plusieurs cordes à son arc. Depuis sa sortie de prison, en avril dernier, l'homme a opéré un revirement total, rejetant ses anciennes idées, à l'origine de son incarcération en 2003, aux orties, et multipliant les gages de sa volonté de soutenir l'Etat et la commanderie des croyants. Ses positions contre l'association Al Adl wal Ihssane et le Mouvement du 20 février sont d'ailleurs une des parfaites illustrations du nouveau visage que Mohamed El Fizazi veut désormais donner de lui.