Libéré le 14 avril dernier, Mohamed Fizazi est à la recherche d'un rôle dans la scène politique. Le rôle d'avocat des détenus salafistes lui va parfaitement. Mohamed Fizazi a la forme. Une semaine après sa missive à Al Adl wal Ihssane, le salafiste vise aujourd'hui plus haut… très haut. Il adresse une lettre, publiée sur son site, au roi Mohammed VI. Dans celle-ci, le cheikh demande au souverain de gracier les détenus salafistes encore incarcérés dans les prisons du royaume. Une grâce qui ne concerne que des islamistes ayant rempli certaines conditions et dont le procès a été entaché d'irrégularités et d'abus. Pour étayer sa demande, Fizazi n'a pas hésité à puiser dans la presse espagnole, dépoussiérant, pour l'occasion, un entretien datant de 2005 du roi Mohammed VI, notamment du quotidien El Pais. Un entretien dans lequel le souverain reconnaissait : «Il n'y a pas de doute qu'il y a eu des abus. Nous en avons relevé une vingtaine. Ces cas ont été signalés également par des ONG et par le Conseil consultatif des droits de l'Homme (de l'époque, ndlr)». Fizazi n'oublie pas pour autant les radicaux. Le cheikh propose d'initier avec eux un dialogue direct «à l'instar de ce qui s'est passé dans les pays arabes et islamiques». Une initiative que seul le roi est habilité à autoriser, notamment à travers «l'ouverture des prisons aux oulémas et autres militants des droits de l'Homme reconnus par ces détenus (…) afin de commencer un dialogue calme et fructueux à même de tourner cette sombre page de notre histoire», avance Fizazi. Reste la troisième catégorie de détenus salafistes, ceux «ayant du sang sur les mains». Là, le cheikh adopte la maxime si chère à Mitterrand de «donner du temps au temps» afin que se réunissent les conditions de leur repentance. Depuis sa libération, le 14 avril dernier, suite à une grâce royale, Mohamed El Fizazi multiplie les appels du pied à l'adresse de l'Etat. Ne se contentant pas de jeter aux orties ses anciennes idées qui lui ont valu huit ans de prison, le cheikh a participé, en juillet dernier, à une manifestation contre le mouvement du 20 février. La semaine dernière, il a critiqué les dissonances entre Abdeslam Yassine et sa fille, Nadia, sur le mode de gouvernement auxquels ils aspirent. Autant de gestes dont l'objectif est de se refaire une virginité idéologique et de libérer les salafistes encore détenus.