Le Printemps arabe a fait place à la montée du discours islamiste. Le Maroc n'échappe à la règle. Un nouveau parti salafiste, mené par Mohamed El Fizazi, est dans les starting-blocks. L'Egypte a donné le la, le Maroc est-il en train de suivre son exemple en autorisant un parti salafiste ? Une nouvelle enseigne islamiste politique pourrait s'ajouter aux PJD, Al Badil al Hadari et le parti Al Oumma, déjà existants. En attendant la bénédiction du ministère de l'Intérieur, Mohamed El Fizazi, ancien détenu pour terrorisme dans le sillage des attentats du 16 mai 2003 et gracié en avril 2011, assure dans ses déclarations à Yabiladi.com que «l'annonce de la création de sa formation politique est imminente. Nous avons l'accord de plusieurs cadres, dont notamment des avocats et des universitaires, en vue de nous rejoindre». Aucune date n'est encore annoncée pour la création de cette nouvelle formation politique. Mohamed El Fizazi compte séduire les islamistes qui seraient déçus par les concessions faites par le PJD au Palais royal. Appliquer la Charia Mohamed El Fizazi, l'initiateur de ce projet ne cesse de multiplier les contacts faisant la promotion de son futur parti aux couleurs salafistes. «Récemment, j'ai été à Marrakech, Rabat, Casablanca, Tanger et Tétouan pour la réalisation de cet objectif», confie-t-il. Qu'est-ce qui différence cette nouvelle formation du PJD ? «Nous avons placé la barre de nos revendication un peu plus haut que le PJD. Ce parti a été créé dans des conditions très particulières. Nous ne serons jamais des concurrent pour nous frères du PJD mais nous comptons les compléter», explique le cheikh. Et d'ajouter que «notre principale valeur ajoutée est notre volonté d'appliquer la Charia, telle qu'elle est, sans concession. Les modernistes prônent la prééminence des lois universelles sur la locale, nous, c'est la Charia de Dieu que nous voulons». Très optimiste, Mohamed El Fizazi assure que son parti salafiste «arrivera second lors des élections législatives de 2012», sans préciser derrière quelle formation. Effet Printemps arabe «C'est le printemps arabe qui a nettement contribué à légitimer le discours islamiste politique y compris le salafiste radicale, réclamant l'application de la Charia. Nous l'avons vu lors des élections législatives en Egypte où les Frères musulmans et les salafistes contrôlent aujourd'hui les deux tiers du parlement. Le Maroc est sur le point d'emboîter le pas à l'Egypte», estime Driss Ganbouri, spécialiste dans les mouvements islamistes. «Les nouveaux régimes arabes et les anciens ont pris conscience de la nécessité de cohabiter avec toutes les facettes de l'islam politique y compris le salafisme et le soufisme. Les forces occidentales partagent, également, la même vision que les Etats arabes. Leur aversion légendaire à l'égard des mouvements islamistes a, par miracle, cédé la place, dans une première phase, à la compréhension puis à la coopération. En échange de cette tolérance occidentale, les islamistes évitent d'évoquer tout sujet qui pourrait perturber cette idylle politique. En Egypte, les Frères musulmans et les salafistes du parti Annour ne comptent nullement rompre les relations avec Israël ni remettre en question les accords de Camp David», explique Driss Ganbouri. Ghazali concurrent de Fizazi Par ailleurs, l'envie de prendre place sur la scène politique marocaine n'anime pas uniquement Mohamed El Fizazi, un autre salafiste, Khalid El Ghazali, un ex-détenu récemment libéré, nourri, également, la même ambition. Sur le modèle du parti égyptien Annour, qui a vu le jour juste après la chute du régime de Moubarak, il compte lancer une enseigne politique exclusivement salafiste. Ces chances de réaliser son rêve sont minimes. Une formation salafiste ne peut être dirigée que par Mohamed El Fizazi. Depuis sa sortie de prison, en avril dernier, il a opéré un revirement total, jetant aux orties ses anciennes idées, à l'origine de son incarcération en 2003, et multipliant les gages de sa bonne volonté de soutenir l'Etat et la commanderie des croyants. Ses positions vis à vis de Al Adl Wal Ihssane et du Mouvement du 20 février sont de parfaits exemples du nouveau visage que Mohamed El Fizazi veut donner de lui.