L'anatomopathologie : du microscope à l'intelligence artificielle – Une révolution silencieuse du diagnostic médical La ville ocre, Marrakech, accueillera le 1er Congrès Africain de Pathologie Numérique, du 18 au 20 avril 2025, indique Hicham EL ATTAR, médecin anatomopathologiste et l'un des initiateurs de cet événement continental de formation médicale continue de pointe. L'anatomopathologie classique a longtemps constitué un pilier fondamental du diagnostic médical. Grâce à l'examen microscopique de prélèvements tissulaires (biopsies, pièces opératoires), cette spécialité a permis de : Diagnostiquer les maladies : en identifiant la nature des lésions (inflammatoires, infectieuses, bénignes ou malignes), Typifier les cancers : en classant les tumeurs selon leur type histologique et leur degré de différenciation, Evaluer le pronostic : à partir de critères morphologiques précis, elle permettait de prédire l'évolution de certaines pathologies, Guider les traitements: en fournissant des données indispensables à la décision thérapeutique (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie), Assurer un suivi thérapeutique : en comparant les lésions avant et après traitement, notamment dans les cas de rechute ou de réponse partielle. Ce modèle, basé sur la lame de verre, le microscope optique et l'œil expert du pathologiste, a été pendant des décennies la référence incontestée en matière de diagnostic histologique. L'irruption du numérique : un tournant historique Aujourd'hui, l'anatomopathologie entre dans une nouvelle ère grâce au numérique et à l'intelligence artificielle. L'apport de cette révolution technologique est considérable : Numérisation des lames : les coupes tissulaires sont scannées à très haute résolution, devenant des images exploitables sur écran et partageables instantanément à l'échelle mondiale, Télépathologie : elle permet les secondes lectures à distance, la consultation d'experts internationaux, et le diagnostic dans des zones dépourvues de spécialistes, Archivage et traçabilité : les données sont stockées de manière sécurisée, accessibles pour des études comparatives, de l'enseignement ou de la recherche, Intelligence artificielle et algorithmes d'aide au diagnostic : les logiciels peuvent détecter des anomalies, quantifier des biomarqueurs, et orienter le pathologiste dans l'interprétation, avec une précision parfois équivalente à celle de l'expert humain, Standardisation et reproductibilité : les outils numériques réduisent les biais d'analyse humaine et assurent une meilleure homogénéité des résultats, Intégration avec d'autres données cliniques et moléculaires : pour une médecine plus personnalisée et prédictive. En somme, le numérique ne remplace pas le pathologiste, mais il augmente ses capacités, optimise son temps, sécurise ses diagnostics et ouvre la voie à une anatomopathologie connectée, collaborative et plus performante. Du microscope au scanner, de la lame au pixel, l'anatomopathologie vit une transformation profonde. Le pathologiste d'aujourd'hui et de demain sera non seulement un expert du tissu, mais aussi un maître des outils numériques et de l'intelligence artificielle, au service d'une médecine plus rapide, plus précise et plus humaine. De grands experts de pays européens partageront leurs expertises avec leurs collègues marocains et africains lors du 1er Congrès Africain de Pathologie Numérique, à Marrakech, du 18 au 20 avril 2025.