Une rencontre consacrée à Edmond Amran El Maleh, imminent écrivain et journaliste marocain juif, s'est tenue le samedi 12 avril au Festival du livre de Paris, en présence d'André Azoulay, conseiller du roi Mohammed VI, de la cinéaste et essayiste Simone Bitton, du politologue Mohamed Tozy, et de Driss Khrouz, qui assurait la modération des échanges. Les intervenants ont rappelé les grandes lignes du parcours d'Edmond Amran El Maleh (1917–2010), engagé dans les rangs du Parti communiste marocain avant de se consacrer à l'écriture à partir des années 1980. Son œuvre, composée de récits fragmentaires et fortement travaillés par la mémoire, interroge l'exil, les appartenances, la langue ainsi que les formes de marginalité et de silence dans l'histoire contemporaine du Maroc. La discussion a mis en évidence le refus constant de toute assignation identitaire chez M. El Maleh, dont les écrits, publiés notamment aux Editions La Différence, ont adopté une position critique à l'égard de toute lecture communautaire ou partisane. Le rôle de la langue française dans son travail d'écriture a également été abordé, de même que sa volonté de maintenir une distance avec les milieux littéraires institutionnels. La seconde moitié de la rencontre a été consacrée à l'engagement de l'écrivain en faveur de la cause palestinienne. Les participants ont rappelé l'importance que revêtait, pour M. El Maleh, la question palestinienne dans la configuration morale et politique de son œuvre. M. Azoulay, Mme Bitton et M. Tozy ont, chacun à leur manière, souligné la permanence de cette position dans ses prises de parole publiques comme dans ses textes. Cette séance s'inscrivait dans le programme consacré aux littératures du Maghreb au sein du festival, qui accueille cette année plusieurs maisons d'édition marocaines et un nombre important d'auteurs issus de la région.