L'hommage posthume qu'a rendu la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc (BNRM), mercredi à l'écrivain disparu Edmond Amran El Maleh, était l'occasion de renouveler la réflexion sur son oeuvre créative et singulière qui a marqué d'une empreinte indélébile la pensée marocaine. Plusieurs personnalités du monde de l'art, de la culture et de la politique comme MM. André Azoulay, conseiller de SM le Roi, Driss Khrouz, directeur de la BNRM et Hassan Aourid, écrivain, ont pris part à cet hommage à l'endroit de cet intellectuel de valeur. "Rendre hommage à Edmond Amran EL Maleh, comme l'a souligné M. Azoulay, ne se réduit pas à honorer seulement le legs de cet homme, mais vise également à sensibiliser les générations montantes à l'apport de cet intellectuel à son pays dans les différents domaines humain, politique, intellectuel et artistique". Le regretté disparu EL Maleh auquel j'étais lié par une amitié de 30 ans, était un homme valeureux, au fait des choses et engagé. Il m'a enrichi constamment par ses convictions sereines, sa réflexion profonde et sa clarté de vision, a dit M. Azoulay. Il s'agit là de qualités qui renvoient à un seul point d'ancrage, en l'occurrence le Maroc, que ce romancier a exprimé dans ses oeuvres, avec toute sa richesse de sa diversité, notamment ses dialectes, ses us et ses couleurs. De son côté, M. Khrouz a fait remarquer que cette rencontre était l'occasion de revisiter l'apport de l'intellectuel, de l'artiste et du philosophe marocain Edmond Amran EL Maleh qui a voulu honorer la BNRM en lui léguant l'ensemble de ses tableaux d'art, ses livres, ses photos et ses objets personnels. Feu Edmond Amran EL Maleh a su tisser des liens d'amitié avec les artistes et les intellectuels et aimait les livres et l'art, a tenu souligner le directeur de la BNRM, en rappelant que le défunt insistait en permanence sur l'authenticité de la civilisation marocaine, dans ses différentes composantes juive, amazighe, islamique et arabe, ouvertes sur le monde. "La composante marocaine est d'une intensité certaine chez cet écrivain qui s'est consacré à l'écriture et à la critique, outre son soutien indéfectible à l'art et à la créativité", a renchéri Khrouz. L'homme de lettres Hassan Aourid a, quant à lui, perçu dans cet hommage la "fidélité" à un homme qui faisait fi des préjugés sur la pensée et la littérature, puisqu'il "représentait la culture marocaine dans ses différentes expressions", a-t-il dit. EL Maleh, a-t-il insisté, qui était imprégné de l'identité marocaine dans sa diversité et ses différentes manifestations, n'a cessé de se vouer à la défense de toutes les causes du Maroc et a veillé à mettre en exergue sa dimension arabe, s'intéressant de près aux problèmes que vit l'homme arabe, plus particulièrement la cause palestinienne. De son côté, Leila Chahid, déléguée générale de Palestine auprès de l'Union Européenne, a souligné dans un témoignage lu en son nom par Khrouz, que l'hommage rendu à "Haj EL Maleh" dans l'espace de la BNRM, est l'occasion pour rappeler l'engagement tenace d'El Maleh pour la cause palestinienne et sa condamnation des agressions israéliennes continues sur la Palestine. Mme Chahid s'est dite heureuse qu'EL Maleh ait décidé d'offrir la totalité de ce qu'il possédait comme ouvrages rares, toiles, archives, photos, articles de poteries et antiquités à la BNRM, estimant que cette collection privée de cet écrivain constitue un véritable héritage pérennisant une période de l'histoire du Maroc qui s'est distinguée par la coexistence entre les musulmans et les juifs. En marge de cet hommage posthume, était exposée la collection privée du défunt Edmond Amran El Maleh qu'il a léguée à la BNRM pour que, comme l'a souligné Khrouz, "son esprit puisse continuer à vivre au delà et au travers des livres, tableaux, photos et objets personnels qui faisaient son quotidien si humble, si riche, si généreux". El Maleh, qui a vu le jour à Safi en 1917, a vécu au sein d'une famille juive originaire d'Essaouira, dans un milieu où coexistaient les communautés marocaines musulmane et juive. Il s'est éteint l'an dernier à Rabat. Parmi ses oeuvres figurent "Parcours immobile", "Aïlen ou la nuit du récit", "Jean Genet, Le Captif amoureux et autres essais", "Mille ans, un jour", "Le Retour d'Abou El Haki", "Abner, Abnour", "La maIle de Sidi Maâchou", "Le café bleu. Zrirek", "Une femme, une mère" et "Lettres à moi-même".