L'avant-projet de loi du Code numérique, défendu par Moulay Hafid Elalamy, a fait beaucoup de furieux ce weekend au Maroc. Parmi eux, Chafik Shimi. Dans une vidéo postée sur son compte Facebook, le réalisateur de la célèbre série «Ouja3 trab» annonce son départ définitif du Maroc. «Il est difficile pour l'Homme d'annoncer la fin de son parcours artistique dans son pays. Il est difficile pour l'homme d'être contraint de quitter sa nation». C'est avec ces mots que Chafik Shimi a annoncé son départ définitif du Maroc. Dans une vidéo postée dimanche soir sur ses comptes Facebook et Youtube, l'acteur et réalisateur marocain de la série «Ouja3 trab», exprime, en effet, son ras-le-bol du Maroc suite à la présentation en fin de semaine dernière, du très controversé projet du Code numérique. «Avant la publication de la dite-loi du ministre 'technocrate', qui nous promet un avenir où on risque d'être condamné à 5 ans de prison et 100 000 dh d'amende si on n'est pas d'accord avec la politique du pays, (…) j'en profite pour annoncer que j'arrête de faire de la création artistique au Maroc et définitivement», explique celui qui est également scénariste, dialoguiste et metteur en scène. «Mon expérience de la création au Maroc touche à sa fin. Je quitte mon pays malgré moi - à bon entendeur. Et je remercie tous ceux qui ont cru en moi et qui m'ont soutenu. Je ne peux pas dire que je laisse le champ libre aux ... dans la mesure où il me semble qu'aucune place ne m'ait été offerte dans ce secteur», ajoute-t-il sur Youtube. Le projet de loi qui fâche Chafik Shimi n'est pas le seul à s'insurger contre l'avant-projet de loi du Code numérique. Chapoté par le département de Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Economie numérique et des Nouvelles technologies, le texte a suscité une énorme vague d'indignation ce weekend sur les réseaux sociaux au Maroc. Et pour cause, certaines de ses dispositions poussent les internautes marocains à l'inquiétude. L'article 24 commence par affirmer, par exemple, que «les communications numériques en ligne sont libres», avant de préciser que «l'exercice de cette liberté ne peut être limité que dans la mesure requise (…) par le respect de la dignité et de la vie privée de la personne humaine, de la liberté et de la propriété d'autrui, du caractère pluraliste de l'expression des courants de pensée, d'expression et d'opinion». «Le respect de la religion musulmane, l'intégrité territoriale, le respect dû à la personne du Roi et au régime monarchique ou à l'ordre public (…) les besoins de la défense nationale, les exigences de service public et les contraintes techniques inhérentes aux moyens de communications numériques en ligne», sont également évoqués. Mais ce n'est pas tout. Le dit projet de loi, que certains qualifient déjà de « liberticide», prévoit aussi de lourdes sanctions pouvant aller jusqu'à 5 ans de prison et 100 00 dh d'amende à l'encontre des internautes qui ne respecteront pas l'un de ses articles. Ce qui est sur, c'est que le texte tel qui a été publié ce weekend sur le site du secrétariat général du gouvernement ne passera pas et a été retiré du site aujourd'hui. «Le code du numérique est trop important et structurant pour ne pas faire l'objet d'un large consensus», a fait savoir Moulay Hafid Elalamy par voie de son compte Twitter.