Le feuilleton Chabat contre El Ouafa vient de connaître un nouvel épisode. Il n'est, d'ailleurs, pas l'ultime. L'homme fort au sein du parti de la Balance vient d'expulser le ministre de l'Education nationale. Une mauvaise décision, sachant qu'elle bénéficie, surtout, à ses détracteurs au sein de l'Istiqlal, au PJD de son grand rival Benkirane et à la carrière politique d'El Ouafa qui se présente comme le véritable leader du clan El Fassi. L'Istiqlal expulse donc de ses rangs le ministre de l'Education nationale, Mohamed El Ouafa. La nouvelle est tombée hier soir. Une mesure prise, à l'unanimité des membres de la commission de discipline et d'arbitrage. La sentence était prévisible. Hamid Chabat ne pourrait tolérer qu'un adhérent du PI, aussi influent soit-il, refuse d'obtempérer à ses injonctions. C'est son autorité qui était en jeu, lui qui est à la tête du parti depuis voilà dix mois. Le 8 juillet, le secrétaire général du PI a ordonné à ses six ministres de démissionner du gouvernement Benkirane, Nizar Baraka, Abdellatif Maâzouz, Youssef Amrani, Abdessamad Kayouh et Fouad Douiri, se sont pliés à la volonté du maire de Fès à l'exception d'El Ouafa. Une erreur de calcul de la part de Chabat En agissant de la sorte, Chabat offre, peut-être sans le savoir, un cadeau à ses opposants au sein du parti. Le clan El Fassi devrait se réjouir d'une telle expulsion. Mohamed El Ouafa, ancien secrétaire général de la jeunesse istiqlalienne (de 1976 à 1984) et le gendre de Allal El Fassi, le fondateur du parti de l'indépendance, est justement le leader que cherche le courant «Sans répit» qui avait largement voté lors du dernier congrès du PI, en septembre 2012, en faveur de Abdelouahed El Fassi. Si ce dernier est adulé par la base du parti, grâce à l'aura de son père, il manque toutefois de charisme. Il ne pourrait en aucun cas tenir tête au très populiste Hamid Chabat. En revanche, El Ouafa, son gendre, si. D'ailleurs avant même que ne soit effective la radiation du ministre de l'Education national des rangs du PI, les partisans de Abdelouahed El Fassi ont soutenu El Ouafa dans son droit de refuser de démissionner du cabinet Benkirane. Les bénéficiaires de cette expulsion : le PJD et El Ouafa En pleine guère entre Benkirane et Chabat, des lieutenants de l'actuel secrétaire général de l'Istiqlal avaient ouvertement accusé, les islamistes d'ingérence dans leurs affaires internes. Ils avançaient que les PJDistes auraient fait campagne pour Abdelouahed El Fassi contre Hamid Chabat. Avec cette expulsion, le parti de la Lampe a désormais un allié fort au sein de l'Istiqlal, une formation avec laquelle elle partage les valeurs conservatrices. Même s'il est, officiellement, expulsé du parti, El Ouafa continuera à causer des soucis au SG de la Balance. Chabat a, également, offert un cadeau au ministre qui se positionne comme le véritable opposant à la ligne politique du maire de Fès. El Oufa cherchait, depuis des années, une telle opportunité. Il caressait le rêve de prendre la tête du PI avant même la fulgurante ascension politique et sociale de Chabat. Abbas El Fassi en sait, d'ailleurs, quelque chose. L'ancien Premier ministre craignait que son gendre, El Ouafa (ils sont tous deux mariés aux filles de Allal El Fassi), lui fasse de l'ombre. C'est pour cette raison, qu'il a tenu à l'éloigner du Maroc en usant de ses relations, en hauts lieux, pour nommer El Ouafa ambassadeur à la fois en Inde (2000 à 2004), en Iran (2006) et au Brésil jusqu'en 2011.